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 Technique
Chitosanes et maladies du bois de la vigne :
études au laboratoire et au vignoble, des résultats surprenants
  Le potentiel des chitosanes pour lutter contre les maladies du bois de la vigne (MDB) a été étudié lors d’un partenariat public-privé. Ont été réalisés des tests in vitro, des essais d’efficacité au vignoble et des analyses au laboratoire pour comprendre leur mode d’action.
In vitro, les chitosanes de petit poids moléculaire (PM), les plus solubles, étaient souvent les plus efficaces. Au vignoble, les plus performants ont été ceux de PM moyen, notamment les chlorhydrates
de chitosane formant une pellicule protectrice. Ils pourraient être exploités comme un pansement des blessures de taille, de recépage ou de curetage.
Le chitosane est un produit naturel extrait de la chitine de la paroi de champignons ou des carapaces de crus-
tacés ou d’insectes. Il est utilisé dans de nombreux domaines (médecine, traite- ment des eaux usées, cosmétique...) dont l’œnologie1. En protection des cultures, le chitosane est aussi connu pour ses pro- priétés antivirales, antibactériennes, anti- fongiques et pour contribuer aux défenses naturelles des plantes2. Cependant, son mode d’action en lutte directe vis-à-vis des bioagresseurs des plantes reste encore mal connu.
Sur vigne, le chitosane d’origine fon- gique est une substance de base approu- vée en tant qu’éliciteur des mécanismes de défenses de la plante. Afin de mieux comprendre la variabilité d’efficacité des chitosanes et d’identifier le meilleur can- didat pour un usage sur vigne, une étude
Figure 1. Illustration de la méthode originale utilisée pour tester les chitosanes. Un aliquot de 300 μL est déposé au centre et à la surface d’un milieu gélosé en boîte de Petri. Après séchage, une pastille de mycélium est à son tour déposée au centre du cercle contenant le produit. L’efficacité est calculée en mesurant le diamètre de la colonie mycélienne et en la comparant à celle d’un témoin non traité.
 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2024 32
en partenariat a été entreprise à partir de 2016. Ainsi, 23 chitosanes ont été évalués mais seuls 16 ont fait l’objet de plusieurs tests, soit : 7 chitosanes extraits de crusta- cés (OCe3, Ce20, Ca50, J80, S674 et deux chlorhydrates de chitosane, le HA et le HS), 5 de champignons (OF3, Fda30, LF43, le F329 et le chlorhydrate de chitosane H90) et 4 d’insectes (OY5, Y40, Y350 et Y903). Les lettres identifient les chitosanes, les chiffres indiquent leur PM - poids molécu- laire - (kDa) lorsqu’il est connu.
In vitro : les moins lourds, les plus efficaces !
La capacité des chitosanes à inhiber la croissance mycélienne de deux cham- pignons pathogènes, impliqués dans les maladies du bois (Eutypa lata, eutypiose et Phaeomoniella chlamydospora, esca), a
d’abord été évaluée au laboratoire. Seuls les oligochitosanes et les chlorhydrates étant solubles dans l’eau, une méthode originale a été imaginée (Figure 1).
Pour les 3 concentrations testées (0,05, 0,2 et 1 %), les chitosanes S674, F329, Y350 et Y903, de fort PM (> 300 kDa), quel que soit l’agent pathogène, ont systéma- tiquement montré les niveaux d’efficacité les plus faibles. À l’inverse, les meilleurs pourcentages d’efficacité ont été obser- vés avec les oligochitosanes (PM les plus faibles ≤ à 5 kDa). L’origine du chitosane (champignon, crustacé ou insecte) n’a pas semblé avoir d’influence sur les niveaux d’efficacité.
Ainsi, les meilleurs candidats contre ces deux champignons pathogènes étaient les oligochitosanes, ainsi que les chito- sanes de PM moyen (compris entre 5 et 130 kDa) (Tableau 1).


















































































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