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  Figure 2. Plaie de taille
de Cabernet-Sauvignon traitée par un badigeon de chlorhydrate de chitosane. Photographie prise aussitôt après l’application.
infections des 2 pathogènes (respecti- vement 60 % et 58 % d’efficacité sur plaies de taille et bûchettes avec E. lata, et 67 % et 82 % d’efficacité avec P. chlamydospo- ra). Si la viscosité élevée du chlorhydrate rendait difficile son application par pulvé- risation ; appliqué par badigeon, il formait une barrière protectrice (Figure 2).
Un nouvel essai a été mis en place en 2021 avec le chlorhydrate HA, appliqué en préventif par pulvérisation (P) à 2 % ou par badigeon (B) à 5 % (Tableau 2). Avec E. lata, HA a réduit significativement les infections (62 % d’efficacité en P et 63 % en B). Cet effet a été confirmé au regard des taux de bûchettes infectées par plaie : 68 % d’efficacité en P et 95 % en B. Avec P. chlamydospora, HA n’a pas significa- tivement réduit les infections des plaies (14 % et 12 % d’efficacité). Par contre, concernant les taux de bûchettes infec- tées par le pathogène, l’effet du produit
semblait meilleur : 44 % en P et 34 % en B, mais non confirmé statistiquement. Cette différence d’efficacité, dépendante de l’ap- plication et du champignon étudié, suggé- rait un effet barrière dont l’efficacité serait liée au PM et à la solubilité du produit et à la taille des spores déposées sur le film protecteur que génère le produit après son application.
Recherche du mode d’action du chlorhydrate de chitosane
Pour mieux comprendre l’opposition de résultats entre les essais in vitro et in vivo, une étude complémentaire a été entre- prise : également issue de la méthode CEB 155 par la découpe des tissus sous- jacents aux plaies de taille en dix rondelles d’environ 1 mm d’épaisseur. Cette mé- thode permet de voir à quelle profondeur les champignons s’installent. Six formu- lations, toutes dosées à 5 %, ont été badi- geonnées en préventif sur plaies de taille : les oligochitosanes OF3 et OCe3, les chi- tosanes LF43 et Ca50 et les chlorhydrates H90 et HS.
Les résultats ont montré une efficaci- té totale de H90 et HS (100 %) vis-à-vis d’E. lata et de P. chlamydospora, les pro- duits empêchant les spores de pénétrer en dessous de la surface des plaies. Les chitosanes LF43 et Ca50 ont montré des effets moyens (43 à 60 % d’efficacité) vis- à-vis d’E. lata et nuls vis-à-vis de P. chlamy- dospora. Les oligochitosanes OCe3 et OF3 n’ont pas montré d’efficacité (0 à 34 %). Cette étude complémentaire a ainsi confirmé l’effet barrière des chitosanes de PM moyen, et en particulier des chlorhy- drates solubles dans l’eau.
Conclusion
Alors que les essais menés d’abord au laboratoire ont montré que les oligochito- sanes avaient un bon potentiel de contrôle vis-à-vis de deux champignons patho- gènes du bois, ce sont les chitosanes de PM moyen, le chlorhydrate notamment, de par sa solubilité dans l’eau, qui ont été les plus aptes à protéger les plaies de taille au vignoble avec une efficacité moyenne sur E. lata de 57 % pour le HA appliqué en badigeon (2 essais en 2021). En sé- chant et probablement en s’agglomérant,
le chlorhydrate semble capable de piéger les spores qui viendraient se déposer à la surface des plaies. Il agirait comme un pansement, son mode d’action serait donc principalement physique, plus fongista- tique que fongicide. Il pourrait permettre d’empêcher plusieurs champignons pa- thogènes ascomycètes, caractérisés par de grosses spores, et basidiomycètes de pénétrer dans le bois, protégeant ainsi les blessures de taille ou de recépage, voire les ceps curetés, pour éviter de trop ra- pides réinfections. À noter qu’aucune toxi- cité n’a été observée avec ce produit dans l’étude. Ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt de brevet français sous le numéro FR2004922. Aucune formulation n’est en- core disponible.
> Valérie Mayet1, Pascal Lecomte2, Bastien Nazaris1, Lucile Badet3, Charlotte Gourraud1 et Virginie Moine1
1. BIOLAFFORT, 11 rue Aristide Bergès, F-33270 Floirac, France
2. INRAE, Université de Bordeaux, ISVV, Bordeaux Sciences Agro, UMR SAVE, 71 avenue Edouard Bourleaux, BP81, F-33883 Villenave d’Ornon, Franceà
3. ALMAVITIS, 11 rue Aristide Bergès, F-33270 Floirac, France
Article publié en partenariat avec.
Technique
  1. Lárez Velásquez, C. (2023). Chitosan and its applications in oenology. OENO One, 57 (1), 121 – 132. https://doi.org/10.20870/ oeno-one.2023.57.1.7262
2. El Hadrami, A., Adam, L. R., El Hadrami I., & Daayf, F. (2 010). Chitosan in plant protection. Marine Drugs 8, 968-987. https://doi.org/10.3390/md8040968
3. Lecomte, P. (2005). Méthode CEB 155 : Méthode d’étude des préparations antifongiques utilisées en traitement des plaies de taille (Eutypiose).
4. Reis P., Pierron, R., Larignon, P., Lecomte, P., Abou-Mansour, E., Farine, S., Bertsch, C., Jacques, A., Trotel-Aziz, P., Rego, C., & Fontaine, F. (2019). Vitis methods available to understand and develop strategies for diagnosis and management of grapevine trunk diseases. Phytopathology 109 (6) : 916 – 931. https://doi.org/10.1094/Phyto-09-18- 0349-RVW
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