Page 13 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 17
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découplées à l’hectare. Il s’est battu pour garder son enveloppe propre qui finance les programmes nationaux d’aides dans chaque État membre, c’était le bon choix. Ce fonds doit être préservé à tout prix, la flexibilité qu’il offre est majeure. Pour faire simple, quand le marché se porte bien on utilise l’argent pour investir, quand la sur- production guette on finance de la distil- lation de crise. Quant au fonds de promo- tion, il est actuellement bloqué dans son fonctionnement. La Commission avait annoncé une révision de son règlement il y a plusieurs années, et on ne voit toujours rien venir. En attendant, ce n’est pas nor- mal que cet outil soit paralysé alors même qu’avec les récentes rétorsions chinoises sur le cognac, nous devons l’utiliser à nou- veau. Il me semble également nécessaire que tous les acteurs puissent pouvoir en bénéficier, peu importe leur taille.
EFOW et la CNAOC proposent de ren- forcer la régulation des plantations. Le dispositif européen oblige aujourd’hui le vignoble et les AOC à croître. Cette vision libérale est déconnectée de la réalité pour certaines AOC qui souhaitent une stabilité de leur potentiel de production et le développement de Vins Sans Indica- tion Géographique (VSIG). Êtes-vous en phase avec cette demande ?
E.S. : Appuyer en même temps sur le frein et l’accélérateur, cela n’a pas de sens ! En ce moment, ce sont des milliers d’hec- tares qu’on arrache, c’est pour le moins surprenant d’avoir à justifier qu’on ne veut pas planter le 1 % supplémentaire annuel. Il faut se souvenir d’où vient cette me- sure : c’était à l’époque où la Commission croyait qu’il suffisait d’augmenter progres- sivement les quotas pour que le marché retrouve son équilibre. C’est une pure vue de l’esprit, les secteurs laitiers et bettera-
viers en ont été pour leur frais. Il faut donc garder notre système d’autorisation de plantation tout en disposant d’un peu de souplesse pour permettre le développe- ment de nouveaux vignobles à la marge, notamment dans des zones plus septen- trionales.
Concilier l’environnement, l’économie et le social
Le rapport sur l’avenir de l’agriculture pointe un nécessaire accompagnement des filières en renforçant « les outils de gestion des risques, des crises, la promo- tion d’une agriculture résiliente à l’eau et en mettant au point des approches inno- vantes en matière de sélection végétale ». A-t-on des chances de pouvoir concilier performance économique et transition agroécologique ?
E.S. : Ce rapport est une excellente base pour penser les évolutions à venir de la PAC. On doit concilier les trois dimensions du développement durable, l’environne- ment, l’économique, sans oublier le so- cial. En matière de gestion de crise, votre secteur a réussi à conserver ses outils de régulation, contrairement à la plupart des autres filières agricoles. Il y a quelques trous dans la raquette à boucher, comme je l’ai dit avant, mais l’essentiel est là.
Sur les outils de gestion des risques, c’est-à-dire les assurances, on a un pro- blème avec la moyenne olympique et le seuil de déclenchement à 25 % de perte. Cela nous vient aussi des règles de l’OMC qu’il va falloir réussir à réformer un jour.
Enfin, les principaux risques pour les viticulteurs, ce sont le mildiou et l’oïdium pour lesquels l’emploi de produits phyto- sanitaires comme le cuivre reste indis- pensable. Les variétés résistantes com- mencent à arriver mais il va falloir encore
du temps pour que l’on soit sûr d’avoir des cépages avec les qualités gustatives désirées. La sélection assistée par mar- queur génétique est une révolution déjà à l’œuvre. Avec les Nouvelles Techniques Génomiques, on nous promet d’autres avancées, pourquoi pas, mais cela doit se faire dans un cadre contrôlé en assurant la liberté de choix du producteur comme du consommateur, avec un étiquetage en conséquence.
La viticulture en France comme en Eu- rope est la cible de plus en plus régulière d’attaques sur le volet santé. Quelles sont les solutions pour prévenir un dur- cissement de la politique sanitaire qui mettrait notre filière en danger ?
E.S. : Je ne suis pas du tout convaincu par le « no safe level », les mesures prohi- bitionnistes ça n’a jamais marché ! Le pro- blème ce sont les excès et il faut protéger certaines catégories de la population. Le vin fait partie de notre art de vivre, je di- rais même de notre civilisation. Dans une société où l’individualisme est devenu la norme, je pense qu’il faut au contraire pro- mouvoir la convivialité et le partage, et le vin en est l’un des vecteurs.
> Propos recueillis par Charlotte Barotin - CNAOC
* L’intergroupe Vin est un lieu informel au Parlement européen qui permet aux différents groupes politiques et à la société civile de se re- trouver pour échanger sur le présent et l’avenir de la viticulture.
** La Commission Européenne a pris l’initiative d’un groupe à haut niveau sur le secteur vitivini- cole, pour identifier des solutions de relance du marché face à la crise qu’il traverse.
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