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  « L’attention nécessaire doit être portée à la viticulture »
Actualité
 La CNAOC a rencontré, en octobre dernier, une vingtaine d’eurodéputés. Parmi eux,
Éric Sargiacomo, élu vice-président de la Commission agriculture et développement rural du Parlement européen. Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine,
il est déjà très impliqué sur
les sujets viticoles et souhaite coprésider le futur Intergroupe Vin* du Parlement européen.
En tant que vice-président, comment avez-vous perçu les premiers pas de la nouvelle Commission agriculture et déve- loppement rural du Parlement européen ?
Éric Sargiacomo : J’ai rencontré le Com- missaire désigné à l’Agriculture et l’Alimen- tation, Christophe Hansen, il connaît bien l’agriculture et en particulier la viticulture.
En tant que vice-président de la COMA- GRI, c’est pour moi important d’être dans le dialogue avec les députés les plus influents et de tisser des liens afin de pouvoir mieux se comprendre. Le précédent mandat a été compliqué, les agriculteurs n’ont rien à ga- gner à ce que s’affrontent deux camps qui se refermeraient sur leurs certitudes, il faut trouver des compromis et savoir rappeler les réalités du terrain.
En tant que représentant de la France et de son agriculture, comment allez-vous faire pour remettre nos indications géo- graphiques (IG) viticoles sur le devant de la scène ?
Concernant les IG viticoles et plus large- ment les vins, en tant que co-président de l’Intergroupe Vin, spiritueux et produits de qualité, je compte utiliser tous les leviers en ma possession pour que l’attention né- cessaire soit portée à la viticulture.
Le groupe de haut niveau (GHN) sur la viticulture** est lancé. La filière viticole a des propositions concrètes pour la pro- chaine PAC : outils de régulation, gestion
des AOC, boîte à outils verte, diversifica- tion sur les marchés, étiquetage consom- mateur clair... Êtes-vous optimiste quant aux conclusions de ce GHN et aux pistes opérationnelles pour la filière vin ?
E.S. : Comme je viens de le dire, on a be- soin de dialogue et de faire sortir certains acteurs des jeux de posture. Lors du pré- cédent mandat, l’erreur aura sans doute été de réduire la durabilité à sa seule di- mension environnementale, les dimen- sions sociales et économiques n’avaient quasiment pas été travaillées. Or, il est indispensable d’accompagner les agricul- teurs dans la transition et de limiter les prises de risques. À défaut, la perspective du changement devient inacceptable, cela se comprend.
Dans le rapport du Dialogue Stratégique sur l’Agriculture, on retrouve bien les trois dimensions de la durabilité, de manière équilibrée, dans une approche d’ensemble, ce qui doit permettre de trouver un chemin de réforme acceptable. Quant au groupe de haut niveau, je sais que les différents re- présentants du secteur sauront clairement exprimer leurs attentes auprès de la Com- mission, notamment en matière d’outils de régulation. Contrairement à d’autres, votre secteur est très bien organisé auprès des instances européennes et surtout, vous avez su garder le sens du collectif et la dé- fense de la régulation des marchés.
La tentation de libéraliser la filière peut être forte de la part de la Commis- sion Européenne, alors que le niveau de notoriété et de valorisation de nos pro- duits AOC est la preuve qu’un maintien de nos spécificités est indispensable au bon fonctionnement de la filière. Quelle est votre position sur le maintien de ce cadre réglementaire et budgétaire propre à la filière dans la prochaine PAC ?
E.S. : Mon prédécesseur et ami Éric An- drieu m’a beaucoup parlé de la bataille qu’il a dû livrer face à une Commission an- crée dans ses certitudes lors de la réforme de 2021, où le système des autorisations de plantation a été prorogé jusqu’en 2045. Il a pu obtenir d’autres avancées comme la possibilité pour les interprofessions gé-
Éric Sargiacomo, vice-président de la nouvelle COMAGRI.
rant des vins sous IG de faire des recom- mandations sur le prix du raisin, cet outil est indispensable pour assurer un meilleur partage de la valeur au sein des filières.
Remettre l’arrachage dans la boîte à outils de la PAC
À l’avenir, je serai bien sûr de ceux qui dé- fendront l’acquis mais il faudra également aller chercher des pièces manquantes à l’édifice. Je pense en particulier aux aides à l’arrachage. On a cru pouvoir s’en pas- ser et cet outil a été sorti de la PAC à la fin des années 2000. Résultat, on est obligé de passer par des aides à la diversifica- tion pour faire la même chose ou presque. L’arrachage est un crève-cœur pour les vi- ticulteurs, cela reste un outil de régulation incontournable qu’il faut remettre dans la boîte à outils de la PAC.
Le budget est le nerf de la guerre. Nous devons pouvoir disposer de fonds pour se structurer, se développer et assurer la transition vers une agriculture plus durable. Or, nous savons que celui de la filière viticole est menacé : l’enveloppe promotion a été remise en cause très récemment... Quelle est votre vision des plans stratégiques nationaux dans la pro- chaine PAC ?
E.S. : Tout d’abord je dois dire que le sec- teur vitivinicole a été clairvoyant en refu- sant de basculer dans le régime des aides
 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2024 12











































































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