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 Écotoxicité du cuivre dans le sol des vignobles français
 Dans quelle mesure la contamination cuprique des sols viticoles est-elle écotoxique ?
Voilà l’épineuse question à laquelle cet article tente de répondre. En
se basant sur les études décrivant la toxicité du cuivre (Cu) pour
les plantes, il rappelle que la contamination cuprique des sols de vigne est le plus souvent modérée et que les démonstrations de l’écotoxicité de Cu à la parcelle sont rares. Il souligne que l’écotoxicité de Cu dépend avant tout de
sa biodisponibilité dans le sol, et explique pourquoi elle s’extériorise aussi en sol calcaire. Enfin, il précise les questions de recherche prioritaires à traiter sur ce sujet.
Une contamination notable mais souvent modérée
En France, la concentration médiane de Cu mesurée dans l’horizon de surface (0-20 cm) des sols de vigne est comprise entre 50 et 100 mg/kg1,2. Cette valeur mé- diane traduit une contamination en Cu mo- dérée de la plupart des sols viticoles com- paré aux sols pollués au Cu (industriels ou miniers) dont la concentration en Cu ex- cède souvent 1 000 mg/kg3. Toutefois, der- rière cette médiane modérée se cache une forte variabilité du niveau de contamination en Cu entre sols viticoles. Dans certains vignobles historiques, la concentration en Cu peut ainsi varier de plus d’un facteur 10 entre les parcelles et dépasser 500 mg/kg dans les parcelles les plus contaminées4. Fort logiquement, le niveau de contamina- tion en Cu des sols de vigne est étroitement lié au nombre d’années d’usage de fongi- cides à base de Cu et donc, à l’âge viticole de la parcelle (Figure 1). Ce sont donc les parcelles viticoles les plus anciennes dans
lesquelles la question de l’écotoxicité de Cu se pose en priorité.
Une écotoxicité de Cu rarement démontrée à la parcelle
Pour des raisons qui tiennent peut-être
à ses propriétés fongicides connues de
tous et/ou à la sévérité de ses effets à
tions de toxicité cuprique à la parcelle
sont rares et se limitent en France, à notre
connaissance, à deux contextes : celui des
sols sableux acides (pH < 5) du vignoble
bordelais dans lesquels l’excès de Cu a
provoqué dans les années 1960 un dé-
périssement des vignes à la plantation5,
et celui des sols calcaires du Languedoc
(sud-est de la France) dans lesquels l’ex-
cès de Cu a pénalisé dans les années
Technique
haute dose (perturbation du fonctionne-
2000 la croissance du blé dur semé après
l’arrachage des vignes6.
depla’irncteéllgersiteét déepalassemr e5m00bmragn/kegpldaasnms ilqesupea),rcelles les plus contaminées . Fort logiquement, le niveau
ment enzymatique des cellules, altération
-1 Plusieurs raisons4peuvent expliquer ce
le cuivre est souvent évoqué comme une peu d’exemples d’écotoxicité de Cu à la
de contamination en Cu des sols de vigne est étroitement lié au nombre d’années d’usage de
cause des dépérissements observés dans
parcelle. La première est que le Cu ne s’ac-
fongicides à base de Cu et donc, à l’âge viticole de la parcelle (Fig. 1). Ce sont donc les parcelles
le vignoble. Pour autant, les démonstra-
cumule pas à des concentrations extrê-
viticoles les plus anciennes dans lesquelles la question de l’écotoxicité de Cu se pose en priorité.
Figure 1. Évolution simulée de la concentration en Cu de l’horizon
de surface (0–20 cm) de sols viticoles en fonction du nombre d’années d’usage de fongicides à base de Cu. L’année 0 correspond à 2023.
IVES Technical Reviews –Template for authors
  4 Hadri, H. E., Chéry, P., Jalabert, S., Lee, A., Potin- Gautier, M., & Lespès, G. (2012). Assessment of diffuse contamination of agricultural soil by copper in Aquitaine region by using French national databases. Science of The Total
29 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - JANVIER 2024 Environment, 441, 239- 247. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2012.09.070
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