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 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - JANVIER 2024 30
Technique
Une écotoxicité de Cu qui s’exprime aussi en sol calcaire
pour appréhender sa biodisponibilité. Le la valeur prédictive de cette extraction en pH et, dans une moindre mesure, la teneur termes de biodisponibilité de Cu reste per-
Paradoxalement, c’est en sol calcaire que les effets de Cu s’expriment le plus souvent sur les couverts,
en matière organique (MO) du sol sont fectible. Par ailleurs, cet indicateur ayant
làlems êmdeuxoùplarabmioèdtirsepsonpibhiylistiécod-echCimu ieqsuteas prioéritéfainbilteiaelenmreanistondédvuelpoHppélepvoéu. rLd’eéxtecmteprle le plus
influant le plus sur la biodisponibilité de les situations à risque de carence en oli-
décrit est celui du vignoble languedocien dans lequel la crise viticole a provoqué l’arrachage de
Cu. Ils influent tous les deux à la fois sur go-élément pour les cultures, il cherche à
vignes, puis leur remplacement par d’autres cultures, notamment du blé dur. Le fait que le blé dur
la solubilité de Cu et sur la spéciation de reproduire un schéma d’exposition basé Cu en solution. D’une manière générale, la sur un prélèvement des éléments en solu-
extériorise spécifiquement sur les parcelles calcaires chargées en Cu un jaunissement révélateur d’une
biodisponibilité de Cu est plus élevée dans tion. De ce fait, il ne prévaut probablement
chlorose ferrique (Fig. 3), a permis d’établir un lien, depuis confirmé, entre contamination cuprique
les sols de pH clairement acide (pH < 6) pas pour les organismes qui ingèrent di-
des sols et déficience en Fe des cultures. rectement le sol tels que les vers de terre. et dans les sols dont la teneur en MO est
faible (< 1 %), tels que l’étaient certains sols
Une écotoxicité de Cu
Cette carence induite en Fe est le plus souvent observée sur céréales, ce qui suggère que l’excès de
viticoles du vignoble bordelais dans les
C1u9p6e0r.tuArcboenlt’racriqou,iusniteiobnondneeFgeebsatisoéne,dpuopuHr les graminées, sur la production de phytosidérophores.
qui s’exprime aussi
L’hypothèse sous-jacente est que dans les sols où laebniodsisoploncibailictéadierFee est faible, typiquement en
(pH > 6.5) et de la MO (teneur > 2 %) contri- bue à contenir la biodisponibilité et l’éco-
sol calcaire, le Cu détournerait les phytosidérophores de leur fonction initiale de complexation du Fe.
toxicité de Cu dans les sols. Idéalement, la gestion de l’écotoxicité de Cu se base sur une mesure de sa biodisponibilité dans le sol afin d’identifier les zones ou parcelles à risque de toxicité Cu, et d’évaluer l’effica- cité des pratiques correctives apportées. L’évaluation de la biodisponibilité de Cu se fait classiquement via une extraction de sol en présence d’EDTA, chélatant fort des métaux (méthode NF X31-120), même si
Paradoxalement, c’est en sol calcaire que les effets de Cu s’expriment le plus souvent sur les couverts, là même où la biodisponibilité de Cu est a priori faible en raison du pH élevé. L’exemple le plus décrit est celui du vignoble languedocien dans lequel la crise viticole a provoqué l’arrachage de vignes, puis leur rempla- cement par d’autres cultures, notamment du blé dur. Le fait que le blé dur extériorise
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 mement élevées dans la plupart des sols viticoles français. Cette explication est à relier au fait que les organismes du sol disposent de moyens de défense contre le Cu (exsudation, détoxification) leur confé- rant une certaine tolérance à ce métal7,8. Une deuxième raison est que l’écotoxicité de Cu serait difficile à détecter à la parcelle car les symptômes visuels aériens de toxicité cuprique, notamment la chlorose des feuilles, ne sont pas spécifiques du Cu et ne se manifestent qu’à des stades avancés d’intoxication de la plante par le Cu. S’ajoute à cela le fait que la vigne voit ses racines rapidement plonger en deçà de l’horizon de surface où s’accumule le Cu. Les symptômes visuels de toxicité Cu seraient donc à chercher sur les jeunes vignes ou sur les couverts végétaux de l’inter-rang, par exemple à travers une mo- dification de leur architecture racinaire : élongation moindre, épaississement et/ou sur-ramification.
Une écotoxicité de Cu sous la dépendance de sa biodisponibilité
L’effet écotoxique du cuivre ne dépend
pas seulement de la teneur totale en Cu
du sol mais surtout de sa biodisponibili-
té. La biodisponibilité est le degré auquel
une substance chimique présente dans le
sol peut être absorbée ou métabolisée par
une cible biologique (ISO 17402). Dans le
sol, le Cu se répartit entre la phase solide
du sol et la solution de sol. À l’instar de ce
qui est décrit pour les plantes, la solution
de sol est le compartiment supposé ma-
joritaire dans lequel les organismes du sol
prélèvent le Cu (Figure 2). Le Cu présent
dans la solution de sol est donc plus bio-
disponible et plus écotoxique, par exemple,
que celui inclus dans la structure des mi-
néraux. Parce que le Cu est présent à de
faibles concentrations dans la solution de
-3 -6
sol (de 10 à 10 g/L suivant le sol et les
conditions du milieu), sa capacité à être mobilisé depuis la phase solide, c’est-à- dire sa solubilité, est un paramètre clé à renseigner pour évaluer sa biodisponibilité. Le Cu, comme les autres éléments, étant prélevé en solution de sol à l’état d’ion Cu2+, la forme sous laquelle il est présent en solution de sol, c’est à dire sa spécia- tion, est un second paramètre à considérer
Figure 2. Modèle conceptuel d’exposition des organismes du sol au cuivre
Figure 2. Miondsèplierécodnucmepotduèeledd’exlp’iosnitlibonredqeusiofragitarnéifsémrenscdeupsoulraluescupilvarneteins.spiré du modèle
MOD : matière organique dissoute ; RM : récepteur membranaire.
de l’ion libre qui fait référence pour les plantes. MOD : matière organique dissoute, RM : récepteur membranaire.










































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