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Dossier Travail du sol
Bertrand Weisgerber - Château La Peyruche
Travail traditionnel sous le rang et régénération des sols
En 2017, Bertrand Weisgerber a un vrai coup de cœur pour le Château La Peyruche à Langoiran, propriété de 50 hectares, dont une vingtaine en vignes. Le site présente un ensemble paysager d’une rare diversité, bois, prairies, vignes, parc d’agrément et un ensemble de bâtiments d’une beauté austère. Charles Weisger- ber, chef de culture, et David Sarry, direc- teur d’exploitation, décident de remettre sur pied l’outil de production, de travailler les sols, et entament dès leur arrivée une conversion à la viticulture biologique.
Ils s’entourent de partenaires et experts, conscient de l’importance de ces derniers pour mettre en place un nouvel écosys- tème. Charles rencontre les agroforestiers Alain Canet et Martial Vidal, d’Arbres et Paysages, pour explorer plus avant en- core la question de l’agroforesterie. Les
Vignerons Bios Nouvelle-Aquitaine restent d’indéfectibles soutiens pour expérimen- ter des méthodes culturales moins gour- mandes en cuivre.
L’enjeu dans ce vignoble de côtes est de garder en permanence un couvert végétal
qui permette d’intervenir au vignoble, d’évi- ter l’érosion des sols par ruissellement. Ils optent pour un travail traditionnel, chaus- sage et décavaillonnage sous le rang. Se- mis d’engrais verts après les vendanges, enfouissement et broyage des sarments au printemps. À cela, s’ajoute un travail de régénération des sols par l’épandage de ferments lactiques, afin de minimiser les effets néfastes des interventions méca- niques sur le sol et d’accélérer les proces- sus biologiques. Avec le compostage de surface, les ferments lactiques ont pour rôle de favoriser la dégradation des cou- verts végétaux et la création d’humus. Ils sont effectués aux printemps. Processus de longue haleine, Bertrand, Charles et Da- vid sont convaincus de son bien-fondé et les premiers millésimes sont à la hauteur de leurs espérances.
Freddy Flé - Château Carbonnieux
« Le travail des sols a incontestablement des avantages qualitatifs »
Freddy Flé, chef de culture au Château Carbonnieux à Léognan (labellisé HVE), est en charge de la gestion des 100 hec- tares de vignes de la propriété depuis 2018. En 2019, l’abandon complet des her- bicides le conduit à faire un retour aux mé- thodes traditionnelles de travail des sols. La diversité des terroirs (argilo-graveleux, graves, argilo-calcaires, sablo-graveleux...) et des expositions des parcelles induit un travail de précision adapté à chacune d’entre elles.
Dans ce contexte les sols sont gérés à « l’ancienne » selon les 4 façons usuelles du Bordelais, auquel s’ajoute un binage
d’hiver dont l’objectif est double : couper les racines de surface de la vigne et per- mettre un meilleur enfouissement des en- grais. Un fond sur deux n’est pas travaillé, celui qui reçoit les broyats de sarments et qui évite ainsi que ceux-ci ne soient em- portés au moment des pluies.
Les sols connaissent ensuite une pé- riode de repos de la fin des vendanges à la mi-mars. L’objectif est de supprimer la pré- sence de l’herbe au moment des gelées de printemps.
Le changement climatique induit une période intense qui allie la problématique de gestion d’une taille tardive et de l’éli-
mination du couvert de façon presque simultanée. « Le retour au travail des sols a incontestablement des avantages qua- litatifs, souligne Freddy Flé. Par exemple des parcelles anciennes, qui étaient dés- herbées chimiquement et dont la vendange n’entrait plus dans le premier vin, donnent aujourd’hui de meilleurs résultats et sont à nouveau intégrées. La méthode est plus saine et naturelle mais d’un autre côté, nous perdons sensiblement au niveau du bilan carbone de la propriété. Mais y a-t-il une solution miracle ? L’objectif suivant est l’implantation de couverts végétaux, mais il faut trouver le temps... »
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - MAI 2023 24