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Dossier Travail du sol
Entretien mécanique du sol : ils témoignent
Sandrine Bernard - Château Grand Gallius
« Le travail du sol redonne qualité aux raisins »
Au Château Grand Gallius, (labelli- sé HVE), 16 hectares à Gaillan en Médoc, Sandrine Bernard a choisi depuis
2018 de changer de méthode de travail. Exit les herbicides et retour au travail du sol traditionnel, décavaillonnage et chaussage. Confrontée à ce changement brutal, son principal problème a été ce- lui de la main d’œuvre, tant il est difficile pour une propriété de sa taille de trouver des personnes formées, de bons tracto- ristes connaissant le travail des sols. Le choix a donc été d’assumer elle-même l’apprentissage et la prise en charge de cette pratique. Pour la propriété, ce sont des investissements conséquents. Près de 40 000 euros d’achats : un Radius de Clemens pour le travail sous le rang, une épampreuse, une décavaillonneuse Souslikoff, et enfin une charrue disque co- ver crop pour l’inter-rang.
Pour Sandrine, ce sont des heures supplémentaires de travail. Les journées n’étant pas extensibles, son choix a été d’arracher 3 hectares l’an dernier, afin
de revenir à un vignoble d’une taille plus modeste, lui permettant d’optimiser son temps et la production d’un vin de qualité.
Elle demeure cependant enthousiaste :
« le travail du sol est un travail formidable qui redonne beauté à la vigne et quali- té aux raisins. J’encourage les gens qui
désherbent encore chimiquement à venir me voir à la propriété, où j’organise des démonstrations à qui me le demande. Ce matériel nous ramène en arrière, aux tech- niques de nos grands-parents. Mais c’est un progrès, et cela renforce notre affection pour notre terroir ».
Sylvie Milhard - Château Vieux Mougnac
Couverts végétaux, labours à cheval et travail sous le rang
Les 9 hectares du Château Vieux Mou- gnac, à Petit-Palais-et-Cornemps, n’ont pas connu les herbicides. Sylvie Milhard se souvient que dans les années 1960, son père Yves (3e génération de vigneron de la famille) a décidé de ne pas se tour- ner vers les pratiques modernes et ses traitements chimiques et de poursuivre une culture de la vigne traditionnelle. « Je veux laisser une terre saine à mes petits-en- fants », justifiait-il. Aussi, lorsqu’elle revient pour prendre les rênes de l’exploitation en 1991, elle s’inscrit naturellement dans cette démarche, et pratique les 4 façons bordelaises pour l’entretien des vignes.
Sur des terres argileuses, l’enherbement un rang sur deux est longtemps préservé, les labours à cheval sont aussi pratiqués pour éviter la compaction trop importante des sols. C’est une fierté familiale que
de voir, au printemps, orchidées, tulipes et dames de onze heures fleurir dans les rangs de vignes.
Sur l’instigation de ses enfants, elle choisit de faire certifier sa propriété en agriculture biologique en 2012.
De formation comptable, Sylvie Mil- hard s’est toujours entourée de conseils. Depuis 3 à 4 ans, Pierre Palmier (Euralis) l’a incitée à favoriser la maîtrise de cou- verts végétaux plus que le travail du sol. Le ray-grass, semé à l’automne, assure une bonne couverture du sol et nécessite moins de tontes que d’autres couverts.
Si un travail sous le rang est toujours effectué au printemps, gelées et mildiou l’exigeant, 4 à 5 passages sont effectués pour la tonte, un binage léger...
Le changement de méthode ne fut pas sans appréhension pour la viticultrice,
mais force est de constater que pour le millésime 2022, la présence de couverts végétaux a certainement permis d’éviter la surchauffe d’un sol nu et l’obtention d’une vendange abondante.
23 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - MAI 2023