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La taille tardive de la vigne Dans le contexte climatique actuel, avec des hivers plus doux avançant le débourrement des vignes dans la plupart des régions viticoles, la période d’exposition aux risques de gelées de printemps est prolongée. Le gel entraîne selon les années des pertes de rendement de 20 à 100 %, mettant en péril la survie économique des exploitations viticoles. De plus, en détruisant les jeunes pousses herbacées, les gelées de printemps peuvent impacter la production du cycle suivant, par exemple en réduisant le nombre de sarments disponibles à la taille. Parmi les méthodes de lutte contre le gel de printemps figure la taille tardive1,2. Technique Pourquoi la taille tardive ? 1. Pour décaler le débourrement et donc limiter l’impact des gelées de printemps d’avril (surtout pour les cépages précoces) en régions tempérées à hiver doux. 2. Pour décaler (en plus du débourre- ment) les autres stades phénologiques, à savoir floraison, véraison et maturité, et donc la date de vendange. Quelles sont les bases du fonctionnement de la vigne à connaître pour pratiquer de façon efficace la taille tardive ? Nous allons distinguer les tailles pré et post-débourrement. A. La taille pré-débourrement La taille pré-débourrement doit se rai- sonner en fonction de deux stades clés du repos hivernal de la vigne : l’endodormance (liée à des limitations physiologiques) et l’écodormance (liée à des limitations cli- matiques). Cette dernière est divisée en deux sous-stades physiologiques : avant et pendant les pleurs de la vigne 3,4. La taille avant les pleurs n’a aucun impact sur les stades phénologiques. Seules les tailles à partir des pleurs peuvent retarder le débourrement, mais sans modifier les stades phénologiques suivants. D’après nos résultats sur Syrah (climat méditer- ranéen), le retard du débourrement est d’environ 6 jours (à calibrer par cépage et climat). B. La taille post-débourrement Pour pratiquer la taille post-débourre- ment, à savoir au-delà du stade mi-débour- rement (30-50 % de bourgeons latents débourrés sur des sarments d’hiver non encore taillés, stade EL-4 de l’échelle de Eichhorn&Lorenz), il est important de comprendre certains concepts liés au développement et au fonctionnement de la vigne, comme l’acrotonie et les dyna- miques d’évolution des réserves carbo- nées des sarments, du tronc et des ra- cines 3. L’acrotonie : sur un sarment d’hiver maintenu en position verticale, les bour- geons du sommet vont se développer en priorité, inhibant le développement des bourgeons latents de la base. L’acro- tonie autorise donc une taille de la vigne post-débourrement. Il est recommandé de laisser au minimum 8 à 10 bourgeons latents sur un sarment en cas de pré-taille pour que l’acrotonie puisse s’exercer de façon efficace. Les réserves de la vigne : les réserves carbonées (amidon, sucres solubles) et azotées (acides aminés et protéines) stoc- kées dans les organes pérennes (racines, tronc, sarments) sont remobilisées au dé- bourrement pour permettre le développe- ment des jeunes tiges (Figure 1). (a) (b) (c) (d) (e) Figure 1 - (a) Taille tardive post-débourrement au stade 3-5 feuilles étalées pour les 2 ou 3 bourgeons latents développés au sommet du sarment. (b) Coupe longitudinale d’un nœud et (c) visualisation de l’amidon dans le parenchyme ligneux du xylème secondaire par coloration au lugol. (d) et (e) Coupes transversales du sarment montrant les tissus pré/post-coloration au lugol. La présence d’amidon dans les rayons du parenchyme du xylème secondaire est visible 15 jours après la date normale de débourrement. 37 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - FÉVRIER 2023