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Forum du développement durable Baisser les émissions carbone est urgent Le 13e forum du développement durable organisé par le CIVB avait pour thème la décarbonation. Pour la viticulture, cela signifie limiter ses dépenses énergétiques, stocker du carbone dans le sol, par les couverts végétaux, « car un sol nu est un sol qui perd du carbone ». Un sol vivant est un allié face au changement climatique, comme l’a expliqué Marc-André Sélosse, professeur au muséum d’histoire naturel. Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a inauguré la matinée de travail par ces mots : « Je suis particulièrement heu- reux d’inaugurer ce forum. Vous savez com- bien le sujet de la décarbonation me tient à cœur. Je remettais il y a peu la médaille de la ville de Bordeaux à Boris Cyrulnik, qui a créé cette notion de la résilience, qu’il définit comme l’art de naviguer dans les torrents. Le torrent est aujourd’hui particulièrement tumultueux. Avec des aléas climatiques de plus en plus perturbants, impactants. Je n’ai pas besoin de vous convaincre, mais de vous soutenir. Le monde change et nous oblige à revoir nos pratiques, tant en monde urbain que dans les mondes ruraux. En de- venant maire, je déclarais l’état d’urgence climatique. Bordeaux a été retenue comme la première ville française, et parmi les 70 villes du monde investies dans une logique durable. » « Le changement climatique met à l’épreuve. Les nouveaux consommateurs nous demandent des comptes, comment ce vin a été produit ? Comment la terre a été amendée ? Ce vin, il faut le vendre, et le rendre plus désirable ! » Pierre Hurmic a fait le parallèle entre son mandat et la vie de viticulteur : « Je suis le maire du quotidien, et le maire du lendemain. Vous, vigneron, avez cette double contrainte, du quotidien et du lendemain. » Interventions d’experts et échanges entre professionnels de la filière ont animé la matinée. Technique CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - FÉVRIER 2023 32 Sylvain Pellerin, de l’Inrae, intervenait pour expliquer les raisons de l’urgence à agir. « Depuis le début de l’ère industrielle, la température à la surface du globe a augmenté de plus de 1°C. Mais au niveau des terres émergées, on est déjà à +3 ou +4°C. » « Chaque kg de CO2 compte ! » « On sait que ce réchauffement climatique est lié à l’accumulation de gaz à effets de serre. Il y en a trois : le CO2 (liée à l’usage des énergies fossiles), le méthane (élevage des ruminants et riziculture) et le protoxyde d’azote, qui est presque 300 fois plus ré- chauffant que le CO2, et lié à l’usage des engrais. Ce réchauffement va se poursuivre. On dit que jusqu’en 2040 et 2050, la messe est dite. C’est-à-dire une succession plus ra- pide des aléas extrêmes. » Quant aux respects des objectifs de Kyoto, puis des accords de Paris, « Res- ter dans la notion de +1,5°, la marge devient étroite. Si on fait des efforts, le réchauffe- ment peur rester supportable. » Un Fran- çais produit 10 tonnes de CO2 par an, les objectifs des accords de Paris est qu’il ré- duise sa production à 2 tonnes de CCO2 par an à l’horizon 2050. « Les modèles du GIEC, dans notre espace de vie - la Nouvelle-Aquitaine -, nous annoncent moins de pluie et plus de chaleur. Le GIEC nous dit qu’il faudrait atteindre la neutralité carbone en 2050. L’agriculture, c’est 17 % des émissions de protoxyde d’azote. Maîtriser l’azote, stocker le carbone dans les sols, et valoriser les ef- fluents (d’élevage) par méthanisation. » Reste qu’à ce jour, « le premier levier, c’est la diminution des émissions (voiture, avions, etc.). Il sera tellement difficile d’arriver à la réduction de nos émissions carbone, que chaque kilo de CO2 compte ! » Alan Sichell, président du CIVB, prend en considération la résilience de la filière, et le temps qui est imparti : « Aujourd’hui, nous avons les connaissances, nous savons ce qu’il faut faire, mais ce sera long. Dans 80 ans, nous pourrions vivre en parfaite harmonie avec notre planète. C’est long à l’échelle de notre vie. Mais c’est infime à l’échelle de l’humanité. Cela demande beaucoup de persévérance mais nous y arriverons à condition de nous engager. » «Nous souhaitons que ce forum vous inspire, vous donne envie d’aller de l’avant. Notre engagement environnemental collec- tif suscite la fierté d’appartenir à la filière. Malgré la morosité économique, ne baissons pas les bras ! » > E.D.