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La Mérille : les racines du Bergeracois Technique En 2019, à la demande de la Fédération des Vins de Bergerac et de l’Interprofession, a été créé le conservatoire du cépage Mérille à Monbazillac. Un aboutissement possible issu des observations, expertises, prélèvements sur les parcelles existantes et des témoignages précieux des viticulteurs. Ce conservatoire assure le maintien de la biodiversité variétale dans de bonnes conditions sanitaires. La Mérille, nommée aussi Périgord, fut un cépage délaissé à la fin du 20ème siècle. Des caractéristiques jugées peu qualitatives : rendements élevés, degrés faibles et concentrations en tanins insuffisantes. Cette variété est aujourd’hui susceptible d’être réimplantée dans un contexte où le changement climatique bouleverse sensiblement le monde viticole. La Mérille Noire est un cépage noir originaire du Bergeracois. Il est présent dans le sud-ouest, à Gaillac, Fronton et dans le Gers. De nos jours, il n’est cultivé que sur une dizaine d’hectares dans le vignoble de Bergerac. Le conservatoire de Mérille N. se doit d’assurer la préservation de cette variété autochtone, d’entretenir sa diversité génétique en introduisant uniquement des souches non clonées. Les données réglementaires En France, la Mérille N. est officiellement inscrite au « catalogue des variétés de vigne ». Ce cépage possède 3 clones agréés, non encore multipliés, à savoir le 790, le 445 et le 444. Il est autorisé dans le cahier des charges de l’AOC Bergerac au titre des cépages accessoires, à hauteur de 25% maximum de l’encépagement de l’exploitation. Les Les baies de la Mérille sont de forme elliptique courte CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - FÉVRIER 2023 30 vins rouges et rosés doivent également provenir de l’assemblage d’au moins deux cépages principaux avec la possibilité d’assembler avec 50% maximum de Mérille N. Il peut également être utilisé sans limitation pour l’élaboration de l’IGP Périgord. Sa description Les jeunes feuilles du cépage Mérille N. sont bronzées et prennent la forme d’un cœur. Adultes, elles présentent 5 lobes, gaufrées entre les nervures du lobe médian. Ses grappes ont une taille plus grande que la moyenne avec de grosses baies. On peut observer un bourgeonnement cotonneux blanc à liseré rosé. Ses propriétés phénologiques Son époque de débourrement est de 4 jours après le Chasselas (contre 5 jours pour le Cabernet franc et 2 jours pour le Merlot). De maturité de deuxième époque, c’est-à-dire de trois semaines après le Chasselas (intermédiaire entre celle du Cabernet franc et celle du Cabernet sauvignon). Ses résultats agronomiques On lui confère une sensibilité moindre aux maladies cryptogamiques (Mildiou, Oïdium...), une bonne résistance à la sécheresse, un potentiel de production important (« grosses grappes et beaucoup de jus »). Ce cépage possède des aptitudes agronomiques qui lui permettent d’assurer des rendements réguliers. Ses propriétés œnologiques sont la production de vins moins riches en alcool (entre 11° et 12°) ainsi qu’une faible intensité aromatique. L’intérêt de ce cépage oublié est de répondre à la demande des consom- mateurs en proposant des vins originaux issus d’une histoire et d’un terroir. La culture de ce cépage permet de valoriser le vignoble en plantant une variété traditionnelle et autochtone, tout en proposant un goût du vin différent, caractéristique du Bergeracois. Dans le contexte du changement cli- matique, ce cépage qui est associé à une production régulière et élevée permet de proposer des cuvées légères, avec une certaine fraîcheur et des degrés plus faibles. Le conservatoire devra être agréé en parcelle de multiplication de matériel contrôlé en catégorie standard pour répondre à une demande de plantation > Laurent Colombier