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 Technique
La biotechnologie au service des sols viticoles
  Récemment distinguée pour
sa recherche innovante en matière de biotechnologie, la start-up bordelaise Starfish Bioscience veut développer des solutions pour restaurer les microbiotes
des sols viticoles et agricoles. L’objectif est d’en améliorer
la fertilité, pour une production plus durable et résiliente face
aux changements climatiques.
Starfish Bioscience vient de se voir distinguée pour son projet inno- vant de biotechnologie au service de la
viticulture et de l’agriculture : restaurer les écosystèmes microbiens des sols en développant des produits qui réta- blissent les bactéries clés du sol. Après le prix DeepTech reçu le 7 novembre lors des CIC Start Innovation Business Awar- ds, la start-up bordelaise est lauréate du programme Impact NA20 organisé par la French Tech de Nouvelle-Aquitaine. Une reconnaissance obtenue lors du French Tech Day qui s’est tenu le 21 novembre dernier au Palais de la Bourse à Bordeaux.
Créée fin 2023 et dirigée par sa fonda- trice, Sandrine Claus, qui travaille de longue date sur les microbiotes, la jeune société a pour ambition de développer, grâce à des technologies de nouvelle génération, des produits innovants dérivés de bactéries dites « clés de voûte » des sols, afin de réparer les écosystèmes microbiens en- dommagés par les pratiques agricoles et renforcer leur fonctionnement.
La société est hébergée par l’incubateur régional néo-aquitain Unitec et par l’incu- bateur Start-Up Win spécialisé WineTech du groupe Bernard Magrez. Pour financer sa phase de recherche et développement, Starfish Bioscience a obtenu récemment le soutien d’IRDI Capital et BPI France, après une première levée de 900 000 eu- ros auprès de Seventure Partners, fonds d’investissement spécialisé dans les sciences de la vie.
Restaurer la diversité microbienne des sols
Les sols viticoles souffrent aujourd’hui d’un affaiblissement fonctionnel, qui conduit à une altération de la disponibili- té des nutriments pour la plante et limite sa résilience face aux attaques de patho- gènes et aux phénomènes de sécheresse et d’érosion. Le recyclage des nutriments, la fixation du carbone et de l’azote, la réten- tion de l’humidité et la structuration du sol sont en effet autant de services rendus par les micro-organismes qui forment la base de la biodiversité du sol. Les pratiques au vignoble ont progressivement altéré les communautés microbiennes des sols, qui sont aujourd’hui très endommagées. Ré- générer cette biodiversité microbienne est essentiel pour optimiser la croissance des vignes et pérenniser les sols viticoles.
Le projet de Starfish pourrait se résumer ainsi : identifier et sélectionner les bacté- ries essentielles au bon fonctionnement microbien des sols, les cultiver et les réen- semencer au vignoble.
Diagnostiquer
le microbiote des sols
Aujourd’hui, seulement 1 % des bac- téries du sol sont connues. L’un des pre- miers défis est donc de compléter la connaissance des bactéries des sols viti- coles. Pour cela, Starfish Bioscience tra- vaille avec de grands domaines viticoles du vignoble afin d’y répertorier les mi- cro-organismes présents. L’un d’entre eux est le Château La Tour Carnet, du groupe Bernard Magrez, où une cartographie des bactéries du vignoble et de leurs rôles est en cours d’établissement.
La start-up exploite une technologie bre- vetée qui repose sur des outils d’analyse moléculaire de l’ADN microbien, combiné à des algorithmes permettant l’identification de bactéries « clés de voûte » essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes microbiens des sols. Une fois identifiées, les bactéries d’intérêt seront isolées de l’environnement et formulées pour aboutir à un produit utilisable, par exemple sous la forme d’une poudre mouillable à pulvéri- ser dans les exploitations.
Crédit Photo : Starfish Bioscience
Starfish Bioscience ambitionne d’éla- borer des produits contenant une sélec- tion de ces bactéries spécifiques pour répondre à des problèmes précis en fonc- tion du type de sol rencontré. Comme 99 % des bactéries du sol n’ont jamais été cultivées et que les bactéries d’intérêt ne figurent dans aucune collection, la socié- té emploie une méthode d’isolement qui cible ces micro-organismes pour les ex- traire de l’environnement tout en mainte- nant leur viabilité.
Les applications envisagées
Pour réaliser l’ensemble des analyses et le développement des futurs produits, Starfish Bioscience s’appuie sur des ac- teurs publics et privés de la recherche scientifique, dont le laboratoire Bioaster, installé à l’Institut Pasteur à Paris.
Les bénéfices attendus de la régénéra- tion des microbiotes des sols sont nom- breux. Un diagnostic de l’état microbio- logique va permettre d’orienter des choix d’actions concrètes en faveur de la santé microbiologique du vignoble et de suivre leur impact au cours du temps.
À terme, réparer la biodiversité micro- bienne des sols viticoles doit permettre de réduire la quantité d’intrants tout en offrant une meilleure tolérance aux stress biotiques et abiotiques et en limitant l’éro- sion du sol. Un projet prometteur pour ac- compagner les exploitants vers une pro- duction plus durable et résiliente face aux changements climatiques.
Article détaillé à retrouver sur le site: https://innovin.fr
  35 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2024









































































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