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Face à une crise inédite et d’ampleur, l’agriculture et la viticulture doivent être une grande cause nationale en 2025
Actualité
Alors que les vendanges 2024
se déroulent dans une morosité quasi générale, la nomination tant attendue d’un Premier Ministre a sonné le temps de la concertation. Le point avec la CNAOC
sur les priorités de la rentrée.
Simplifier, rémunérer, transmettre
L’attente de la nomination du Premier Ministre a généré de l’inquiétude dans la filière viticole AOC, qui demande en prio- rité de définir une vision stratégique sur le long terme : comment veut-on accompa- gner l’évolution des cahiers des charges pour concilier adaptation au changement climatique et création de valeur, comment créer un cadre de protection et d’attracti- vité des indications géographiques (AOC et IGP) vis-à-vis des producteurs et des consommateurs, comment soutenir les 59 000 exploitations françaises sur une campagne qui a tendu les trésoreries, fra- gilisé les marchés traditionnels et éprouvé les vignerons ? Autant de questions qui se- ront posées au prochain ministre de l’Agri- culture avec un objectif : créer des condi- tions confortables pour les vignerons de demain. « Les premiers mois du gouverne- ment Barnier vont coïncider avec la publi- cation du rapport de la Commission euro-
péenne sur l’avenir de l’agriculture. De quoi attendre qu’un cap soit fixé rapidement et en concertation avec nos organisations viticoles pour nous permettre de regar- der plus loin que la campagne suivante », commente Jérôme Bauer, président de la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à Appellations d’Origine Contrôlées.
Il n’y a pas de petites victoires. La CNAOC mettra plusieurs dossiers brûlants en haut de la pile, tels que les vignes en friches, qui représentent un danger d’autant plus grand qu’elles vont se multiplier avec les difficultés économiques à venir. L’objectif : trouver un dispositif qui permette de ré- pondre à toutes les réalités (successions, indivisions, abandon de fermage, proprié- taire récalcitrant ou en grande difficulté financière) et qui soit facile et rapide dans sa mise en œuvre.
Il y a aussi la question de la transmis- sion, indispensable pour faciliter les ces- sions intrafamiliales via un « Dutreil agri- cole », réclamé depuis longtemps par la Confédération.
Enfin, l’application d’Egalim 4 à la filière viticole sera un dossier prioritaire, avec l’objectif d’une construction plus juste des prix à partir d’indicateurs fiables ou encore la sécurisation des contrats amont et aval.
Instaurer une pause réglementaire
La nouvelle configuration parlementaire rend la tâche difficile aux organisations
nationales : elle réduit mécaniquement le nombre des textes qui seront soumis au Parlement, et plus encore leurs chances d’aboutir. De quoi réduire « l’inflation légis- lative » et répondre à la demande de la fi- lière d’instaurer une pause réglementaire.
« Il n’y a pas que nos parlementaires qui peuvent nous aider à faire avancer des dos- siers importants, explique Jérôme Bauer. Nous poursuivons avec l’administration des chantiers qui sont essentiels : celui de la simplification avec Bercy par exemple, mais aussi de l’expérimentation avec l’INAO, via les cahiers des charges avec la directive des VIFA et les nouveaux DEI no- tamment, qui sont de vraies réussites. Je suis convaincu qu’il faut miser sur nos ca- hiers des charges pour renforcer nos AOC : expérimenter, innover, aller vers plus de du- rabilité, répondre aux impératifs de marché, tout en respectant l’origine, la qualité. »
Michel Barnier, aujourd’hui Premier Mi- nistre, déclarait en 2007 que « la viticulture française a tout pour être un pôle d’excel- lence de notre agriculture. La vigne est to- talement indissociable d’une multitude de paysages de France. Le vin est au cœur de notre patrimoine gastronomique et cultu- rel ». La CNAOC ne manquera pas de lui rappeler ces propos. Un pôle d’excellence, oui, mais qui doit être une priorité pour son gouvernement sous peine d’une mort à petit feu.
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2024 14