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Le Cabernet franc, variété ancestrale à l’honneur
Le 8 juin au Château Jean Faure à Saint-Émilion s’est tenu
le 1er symposium consacré au Cabernet franc. Une rencontre au cours de laquelle 120 personnes, chercheurs, experts, vignerons, critiques, dégustateurs et sommeliers ont échangé à propos de ce cépage ancestral qui souffre d’un déficit de notoriété. Ce patriarche représente très certainement une carte à jouer
à l’avenir pour peu qu’on l’étudie pour préciser ses aptitudes et ses limites. Pour l’heure, il reste très souvent le grand oublié
des expérimentations.
Grand cru classé de Saint-Émilion, le Château Jean Faure est singulier par son encépagement historique de 65 %
en Cabernet franc, dont certains pieds sont quasi-centenaires. L’idée d’organiser ce 1er symposium est venue d’un constat simple : le manque d’échanges autour de ce cépage.
« Nous échangeons beaucoup sur des thèmes techniques liés au terroir, à la bio ou à la biodynamie, a expliqué Marie-Laure Latorre, directrice du château, en intro- duction de la journée, mais on manque d’échanges et de données sur le Cabernet franc. On a donc souhaité créer un événe- ment de partage autour des questions de terrain sur ce cépage avec des gens venus de France et d’ailleurs. »
Premier intervenant, Jean-Michel Bour- siquot, professeur d’ampélographie à l’Ins- titut Agro Montpellier, a dressé un portrait historique du Cabernet franc. On retiendra l’identification formelle du Cabernet franc en 1854 et que ce cépage a de nombreux synonymes, Cabernet gris, Carmenet de la Gironde, Bouchet de Saint-Émilion, Bouchy du Béarn, Boutignon des Graves, Véronnais à Saumur, Achéria au Pays basque, Capbreton rouge dans les Landes,
120 personnes ont participé à la 1re édition du symposium, qui devrait se tenir à l’avenir tous les deux ans, soit une prochaine édition en 2025.
Technique
Breton en Val de Loire, ou encore Carme- net en Périgord. Le nom de Vidure, aussi utilisé en Gironde, pourrait venir de « vigne dure » en référence à la dureté des bois de ce cépage.
Il a donné naissance
à de nombreux cépages
Le Cabernet franc appartient au groupe des carmenets, un groupe de proximité phénotypique auquel sont associés le Pe- tit Verdot, la Carménère, le Fer, le Caber- net-Sauvignon, l’Ardonnnet, la Pardotte, l’Arrouya, le Merlot noir et le Merlot blanc, ou encore le Crouchen.
Depuis plus de 20 ans, avec le dévelop- pement de la biologie moléculaire et les progrès de la génétique, il est possible, dans certains cas, de retracer la généalo- gie des cépages et des variétés. C’est ain- si que des relations ont été mises en évi- dence entre le Cabernet franc et d’autres cépages : le Cabernet franc a donné nais- sance à de nombreux cépages tels que le Cabernet-Sauvignon par croisement avec le Sauvignon, mais aussi le Merlot avec comme autre géniteur la Magdeleine noire des Charentes, ou encore la Carmenère aveccommesecondgéniteurleGrosCa- bernet, ainsi que le Gros Manseng de Lucq avec le Gros Manseng comme second gé- niteur. Il a aussi été mis en évidence qu’il existe des liens étroits de parenté entre le
Cabernet franc et un certain nombre de variétés du sud-ouest comme le Morenoa, le Txakoli, ou encore le Pedebernade 6N, trouvé dans une vigne préphylloxérique dans le Gers.
« On s’aperçoit ainsi, a ajouté Jean-Mi- chel Boursiquot, que le Cabernet franc a bien une présence ancienne dans la grande région du Sud-Ouest de la France et qu’il a donné naissance à des variétés très répu- tées du vignoble girondin. C’est un géniteur important et à ce titre, il peut être qualifié de variété ancestrale. »
Un pic de présence
à 37 000 hectares en 2008
Les statistiques nationales sur les va- riétés viticoles commençant en France en 1958, on sait donc qu’à cette date, le Cabernet franc occupait 9 700 ha. Cette surface a progressé notablement pendant une cinquantaine d’années avec un pic à 37 000 ha en 2008. Depuis cette date, les surfaces consacrées au Cabernet franc ont diminué jusqu’à 31 600 ha en 2021. La tendance est toujours à la baisse de- puis. La moitié des surfaces plantées en Cabernet franc se trouvent en région Val deLoire,33 %enAquitaine,9 %dansle Languedoc, 7 % dans le Sud-Ouest, 1 % à Cognac et 1 % en Provence. Actuellement, ce cépage occupe le 8e rang des variétés françaises.
23 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - SEPTEMBRE 2023
Crédit Photo : Château Jean Faure @rawmanbrbt