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 Changement climatique : s’adapter
aux nouvelles conditions de production
En juillet 2022 à Bordeaux, le congrès scientifique international Terclim a réuni les chercheurs de 24 pays viticoles venus présenter près de 200 communications
sur les thèmes des terroirs et
du changement climatique.
En s’appuyant sur ces travaux,
les organisateurs ont proposé aux professionnels de la filière vitivinicole la journée TerclimPro*, avec une sélection de 12 présentations répondant à
des problématiques concrètes.
Viticulteurs, enseignants, étudiants, entreprises étaient ainsi conviés, le 28 avril dernier, à découvrir les derniers
travaux de recherche en lien avec les ef- fets du climat et du terroir sur la produc- tion et la qualité des vins.
« L’heure est grave en matière de chan- gement climatique et ce n’est pas moi qui le dis mais les membres du GIEC**, a lan- cé Nathalie Ollat (INRAE) en introduction. Comme vous le savez, le terroir est le fruit d’un équilibre multifactoriel dont le climat est une composante essentielle et depuis quelques années, les effets du change- ment climatique se font sentir. Cela mo- difie les conditions de production des vins dans tout le vignoble français et remet en question les choix techniques qui ont été faits jusqu’à présent. L’idée, face à cette analyse, n’est pas d’être démoralisé mais d’être optimiste dans l’action, dès mainte- nant, pour réduire et limiter le changement climatique mais aussi pour s’adapter aux nouvelles conditions de production. »
Estimer le risque de gel printanier
Première question concrète abordée lors de cette journée, celle de savoir si le risque de gel de printemps va ou non s’ac- centuer à l’avenir compte tenu du change-
Le public a pu échanger avec les intervenants présents, scientifiques et experts.
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - JUILLET-AOÛT 2023 16
Technique
ment climatique. Benjamin Bois, Maître de conférences à l’Université de Bourgogne, a précisé que « la réponse à cette question reste complexe et dépend du climat mais aussi de la vulnérabilité la plante, et c’est le croisement de ces deux éléments qui détermine le risque de gel ». Les modèles que les chercheurs veulent affiner pour ré- pondre à cette question devront donc tenir compte de ces deux éléments. Or, toute la difficulté de l’exercice tient au fait que l’avenir de ces deux paramètres est incer- tain. Ainsi, alors même que la question du réchauffement fait consensus à l’échelle planétaire chez les scientifiques, celle concernant l’évolution de la circulation des masses d’air atmosphérique, comme celles très froides venant des pôles, circu- lant du nord vers le sud et inversement, fait débat entre climatologues. Certains estiment que le risque de vagues de froid lié à cette circulation d’air sera plus fort à l’avenir dans certaines parties du globe.
La seconde grande incertitude concerne la plante dont la date de levée de dor- mance reste encore très complexe à si- muler pour être intégrée dans les modèles de risque. Cette date est difficile à simuler car il faut parvenir à analyser le métabo- lisme sur les bourgeons pour tenter de détecter ce phénomène. Et surtout, si l’on
veut parvenir à modéliser ce risque, il faut aussi intégrer dans les modèles que la vul- nérabilité de la vigne n’est pas un phéno- mène linéaire. Enfin, la variabilité du climat à l’échelle locale est aussi un paramètre à prendre en compte pour l’estimation de ce risque. Sur ce sujet, les travaux menés dans le Libournais par des équipes de l’IN- RAE, de BSA et et de l’ISVV mettent entre autres en évidence l’intérêt de ne pas esti- mer le risque de survenue du gel printanier en surveillant une seule station météo par exploitation.
Existe-t-il un lien entre sécheresse et esca ?
Les liens entre la sécheresse et une ma- ladie vasculaire de la vigne, l’esca, ont été abordés par Chloé Delmas (UMR SAVE). Une première étude menée sur l’impact de l’esca vis-à-vis du fonctionnement hy- draulique du cep de vigne a montré que les symptômes foliaires de l’esca sont as- sociés à une baisse importante du trans- port de l’eau dans les feuilles (nervures et pétiole) et aussi dans les tiges de l’année. Ces résultats ont été prolongés par l’étude des conditions climatiques qui, elles aussi, peuvent impacter la circulation d’eau dans le pied de vigne. Le but était de comprendre
  Crédit Photo : Inoo’vin
 












































































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