Page 12 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 04
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 l’échelle du vignoble que nous couvrons. Ce n’est pas rien.
Vous sentez des réticences des viticulteurs à entrer dans la lutte collective contre la flavescence dorée ?
Comme partout, il y a des gens qui n’aiment pas voir nos techniciens à l’œuvre dans leur vigne lors de la prospection de la maladie. C’est vrai que c’est jamais agréable de voir un cep marqué pour être détruit car on y a décelé la présence de la maladie. Mais c’est le jeu collectif. J’ose même dire que c’est une chance pour les viticulteurs d’avoir la maîtrise de la lutte contre la flavescence dorée. La prospection, qui est obligatoire je le rappelle, permet de contenir la propagation. Elle s’est professionnalisée au fil du temps. Désormais ce ne sont plus des vignerons bénévoles qui la réalisent, mais des techniciens professionnels. Au GDON, nous utilisons des quads, pour prospecter le vignoble de façon efficace, et faisons appel à une troupe de dix personnes en prestation de service. Après, à moi de savoir convaincre les plus réticents, quand ils m’appellent, que c’est pour le bien commun que les équipes prospectent dans tout le vignoble.
Pensez-vous un jour arriver au bout de cette maladie ?
Si on reste rigoureux comme aujourd’hui, on arrivera à la contenir. Le problème est qu’il y a des vignes en friche qui servent de réservoirs et sur lesquelles nous n’avons pas la main. Après la flavescence dorée, bien qu’elle ne soit pas toujours bien vécue par les viticulteurs car elle reste stigmatisante, est une maladie comme les autres. Personnellement, je pense que le mildiou fait plus de dégâts dans le vignoble. Mais bon, la flavescence dorée est une maladie réglementée et elle demande à ce titre une attention particulière.
À la veille de la nouvelle campagne, que diriez-vous aux viticulteurs réticents à participer à la lutte collective ?
Je leur dis qu’il ne faut pas baisser les bras. On a vu l’an dernier que l’on obtenait de bons résultats au prix d’un suivi sérieux. OK, il peut y avoir des erreurs de diagnostic, un ou deux ceps marqués à tort, mais il vaut mieux ça que de passer à côté d’un foyer. On n’est pas un organisme répressif, on n’a pas le pouvoir de police. Alors, ce n’est pas parce que des brebis galeuses ne veulent pas
suivre la règle commune qu’il faut cesser de surveiller nos vignes. Les pouvoirs publics devraient nous aider à régler des problèmes qui nous échappent, comme les vignes en friche qui devraient être arrachées quand elles contiennent la maladie.
Craignez-vous les évolutions réglemen- taires voulues par l’Europe ?
Aujourd’hui, on n’y voit pas très clair sur ce qui va réellement changer. On parle de concentrer la lutte sur les zones tampons... Pourquoi pas ? Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on va tout faire pour préserver la dynamique collective que les viticulteurs ont su créer pour lutter contre la flavescence dorée, et qui peut être utile dans d’autres domaines. Je pense notamment au travail de la géomaticienne, diligenté par le GDON l’an dernier, qui a permis d’établir une
cartographie des zones infectées. Cette approche nous permet de mieux cibler les interventions, d’envoyer des alertes, elle est reproductible pour d’autres interventions dans les vignes. C’est un nouvel outil au service des vignerons.
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 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - MAI 2023 12






















































































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