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État de la pharmacopée sans CMR au vignoble
Technique
Afin de protéger vos vignes
en limitant les impacts sur les milieux et la santé, cet article vous propose un panel des produits fongicides non CMR (Cancérigènes Mutagènes ou toxiques pour la Reproduction) à effets suspectés. Nous publierons le mois prochain un panel de ces produits sans CMR insecticides et herbicides.
L’agriculture et la viticulture française et européenne ont pris depuis plu- sieurs années le chemin vers une protec-
tion des cultures plus respectueuses de la santé et de l’environnement. Dans ce mou- vement, il ne restait plus, en viticulture, de substances classées Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques avérées ou présumées (CMR 1) en 2022. Seuls sub- sistent quelques produits au caractère dit suspecté mais dont l’effet CMR n’a jamais pu être vérifié (CMR 2). Mais les études au long cours révèlent parfois de nouvelles données. Dernièrement, le dimétomorphe a été reclassé en CMR 1, il est à ce jour le seul de cette catégorie encore présent en viticulture, tout du moins pour le moment. Sa réapprobation au niveau européen doit intervenir durant l’été 2023 et cette modi- fication de classement entraînera très pro- bablement sa suppression du catalogue des substances autorisées.
Les taux de Redevance Pollutions Dif- fuses (RPD) encouragent à diminuer l’uti- lisation des produits phytopharmaceu- tiques utilisant les substances les plus impactantes afin de limiter la contamina- tion des milieux et l’impact sur la santé humaine. Au-delà des évolutions régle- mentaires, des démarches individuelles et collectives dans lesquelles les vignerons limitent l’utilisation de certains types de produits se développent : programmes sans CMR, certifications environnemen- tales...
Toutes ces démarches et pratiques ne doivent pas omettre deux points primor- diaux : la qualité et la productivité de la culture. Il est pour l’heure très compliqué de se passer de produits phytosanitaires en viticulture et les millésimes 2018 et 2021 se sont chargés de nous le rappeler. Une nouvelle classe de produits se déve- loppe depuis plusieurs années : les pro- duits de biocontrôle. Ils sont notamment définis à l’article L.253 6 du Code rural et de la pêche maritime comme des agents et des produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures (notez que les PPP à base de cuivre sont des produits de biocontrôle). Ils sont recensés dans les listes mensuelles publiées par la DGAL. Les critères d’inscription sur cette liste sont donnés dans le décret 2022-35 du 17 janvier 2022. Ces produits font par- tie des solutions possibles de réduction des intrants. Des stratégies nationales et régionales pour faciliter leur déploiement ont même vu le jour.
Toutefois, leur efficacité et la compré- hension de leur fonctionnement peuvent demeurer partielles. De nombreux essais sont mis en place depuis plusieurs années par le réseau des Chambres d’agriculture et par divers organismes techniques pour améliorer les connaissances de ces pro- duits et ainsi optimiser leur efficacité.
Au rythme des réévaluations, de la pro- tection des habitants et de l’environne- ment, la liste de matières actives dispo- nibles se réduit un peu plus chaque année et les nouvelles molécules sont rares. Si l’on retire du listing les produits les plus décriés, que reste-t-il sur la palette pour composer ses stratégies de protection du vignoble ?
Des tableaux des produits phytopharmaceutiques sans CMR
Depuis 2018, un groupe de travail na- tional faisant collaborer de nombreuses Chambres d’agriculture a permis la mise à disposition d’une base de données sur les produits phytosanitaires utilisables en viticulture. Les pages suivantes proposent une extraction, réalisée à partir de la base citée précédemment, des produits non CMR 1 ou 2 (au titre de la classification CLP : Classification, Étiquetage et Embal- lage des substances et mélanges en vi- gueur au niveau européen). Ils sont classés par cible majoritaire puis selon leur Zone Non Traitée (ZNT) vis-à-vis des points d’eau. Les valeurs de Dispositif Végétali- sé Permanent (DVP) ont été retranscrites
Tableau 1 - Classification mettant en avant les risques indiqués sur les étiquettes des produits autres que CMR. Si plusieurs phrases de risques apparaissent, la couleur du cas le plus à risque a été conservée.
Santé Environnement
Non sensibilisant
Absence de phrase
Absence de phrase
Sensibilisant
H301 : Toxique en cas d'ingestion / H302 : Nocif en cas d'ingestion /
H315 : Provoque une irritation cutanée / H317 : Peut provoquer une allergie cutanée / H332 : Nocif par inhalation / H334 : Peut provoquer des symtômes allergiques, de l'asthme ou des difficultés respiratoires par inhalation / H335 : Peut irriter les voies respiratoires / H336 : Peut provoquer somnolence ou vertiges
H411, H412 : Toxique, Nocif (respectivement) pour les organismes aquatiques, entraîne des effets
à long terme
Fortement sensibilisant
H304 : Peut-être mortel en cas d'ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires / H318 : Provoque des lésions oculaires graves / H319 : Provoque une sévère irritation des yeux / H362 : Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel / H371 : Risque présumé d'effets graves pour les organes /
H372 : Risque avéré d'effets graves pour les organes à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée / H373 : Risque présumé d'effets graves pour les organes à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée
H400 et H410 :
Très toxique pour
les organismes aquatiques H410 : Entraîne des effets à long terme
33 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - AVRIL 2023