Page 27 - GESI n°97 // Février 2023
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N°97 // FÉVRIER 2023 // VIE DE LA COMMUNAUTÉ GEII / 27
 encore confidentielle), un métier des “couches basses”, à la frontière entre hardware et software. Puis la SNCF, où, à partir de l’été 2010, il œuvre à la Direction du Système d’Information Voyageurs, dans la conception d’outils métier, au moment où les communications IP envahissent les équipements. Ainsi, le développement de la première application Androïd permettant aux chefs de bord de gérer les passagers. D’autres expériences suivront, jusqu’à intégrer, comme salarié cette fois, le “Fab IoT” (laboratoire “Objets Connectés”) de l’entreprise de transport ferroviaire, où les équipements du futur sont pensés. Le service est un accélérateur de projets innovants, destiné à valider des solutions en émergence avant leur industrialisation. Ainsi ce capteur intelligent destiné à détecter la formation du givre sur les caténaires, qui communique grâce au réseau Sigfox. Un tel projet mobilise un large spectre de compétences scientifiques et techniques, qui dépasse largement le cadre des métiers de l'Informatique Industrielle. Ici, le système, par sa diffusion sur le terrain, va contribuer à une connaissance fine des données climatiques observées ; avec l’aide de l’IA, on pourra prédire localement la météo. Au fil du temps, les activités de Mounir, devenu après 15 ans d’expérience un expert de son domaine, évoluent vers celles d’un consultant interne, notamment sur les questions de cybersécurité devenues cruciales avec la généralisation des réseaux. Evidemment, depuis Juin 2022, la frénésie technique a laissé la place à une autre fièvre, dans laquelle néanmoins le technicien n’est jamais réellement absent.
En effet, comme parlementaire, il est impliqué dans la Commission de la Défense. A ce titre, il participe à l’évaluation de l’action de l’Etat, notamment en rapportant sur le budget de la Défense, en scrutant par exemple l’équipement des armées, un sujet très sensible ces temps-ci. Il participe à la réflexion sur la manière dont l’Etat est en mesure de faire face à une agression, en situation d’économie de guerre. Un travail essentiel, dont il estime qu’il n’a pas aujourd’hui les moyens de le mener de manière totalement satisfaisante. Un tel engagement nécessite
aussi d’être à la pointe de l’information, ce qu’il travaille en étant auditeur à l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale), où il suit le cursus “Souveraineté numérique et cybersécurité”.
Une heure est presque passée, et nous avons peu parlé de ses options politiques. Ce sera bref, mais direct : parti sous les couleurs socialistes, il est très présent dans son quartier, où il interpelle François de Rugy, le député de l’endroit. Pendant la législature 2012-2017, Mounir, très actif auprès des jeunes, se fait remarquer par De Rugy, qui lui propose d’abord d’être son correspondant sur les “quartiers Nord”, puis son suppléant en 2017. Ses idées ? Une écologie pragmatique, pas décroissante ni anti-technique comme celle prônée par EELV. En 2017, la rupture avec le PS est consommée, et l’alignement avec l’émancipation macronnienne est en marche... Après avoir été élu conseiller municipal de Johanna Rolland, il quitte la majorité municipale et métropolitaine, et se qualifie désormais, avec un peu de gourmandise, d’opposant constructif à une des personnalités socialistes les plus en vue du pays.
Au fur et à mesure de l’entretien, la stature de l’homme politique a supplanté celle de l’ancien élève. De la fierté de l’étudiant légitimement satisfait de sa réussite scolaire, le ton a glissé vers celui du député en charge de la Nation et de toutes les questions très sérieuses qui vont avec. Quelque chose s’est durci en lui, du côté de l’âme peut-être : l’apprenti à la découverte de la vie devient un fauve, ramassé autour d’une mission, sa mission de sauveur du monde, nourrie au lait d’une idéologie dans laquelle baigne l’élite renaissante : puissance de l’intelligence, flamboiement de la vitalité des quarantenaires, amour éperdu de la technologie et de l’inventivité sans fin... Même quand il m’invite à Paris où il se fera un plaisir de me guider dans une visite de l’Assemblée Nationale, le doute n’est pas permis : nous ne sommes plus tout à fait du même monde. Mounir a basculé du côté de la force, de la décision, il est devenu un des meneurs du destin national.
 Mounir Balhamiti fait son job de député dans Ouest-France Dimanche du 22 Janvier 2023 (Edition de Loire Atlantique)
 REVUE DES DÉPARTEMENTS DE GÉNIE ÉLECTRIQUE & INFORMATIQUE INDUSTRIELLE



























































































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