Page 26 - GESI n°97 // Février 2023
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26 // VIE DE LA COMMUNAUTÉ GEII
 Portrait :
En zig zag, du GEII à l’Assemblée Nationale
  En juin dernier, les dernières élections législatives ont porté à l'Assemblée Nationale un jeune homme, que j’avais connu d’abord étudiant à l’Iut, puis à l’ITII deux ans plus tard. En 2022, Mounir Belhamiti est le candidat du Président nouvellement réélu, et il remporte la bataille dans la première circonscription de Loire Atlantique. Immédiatement, je me propose de le rencontrer pour qu’il témoigne : un étudiant en GEII peut tout faire, et même devenir député de la République. Dès que le site de l’Assemblée met à disposition les coordonnées des députés, je demande à l’interviewer, pas certain qu’il accepte, car on sait comment ces gens-là sont happés par la nécessité de sauver le monde. Un mois passe avant qu'un de ses assistants parlementaires me propose un rendez- vous pour la mi-septembre.
Le jour dit, à l’heure convenue, il m’attend
à l’intérieur d’un bar ordinaire. L’apprenti-
ingénieur, que j’avais laissé partir à
l’automne 2008, est maintenant un “homme fait”. Corpulence assurée, costume bleu nuit ajusté - on dirait du taillé sur mesure tellement ça tombe bien, cravate parfaitement nouée, à la boutonnière une petite cocarde tricolore, Mounir brille de l’intérieur et sourit largement quand il me salue. Tout au long de l’entretien, il va parler d’une voix nette, ferme dans ses convictions et ses jugements. Nous avions convenu d’une heure, le délai sera tenu, y compris le temps d’une photo et l’échange de nos 06.
Il me détaille la trajectoire d’un jeune parti de rien, parfaite illustration de la méritocratie à la française, telle que la professe son champion. Mounir est un enfant des quartiers Nord de Nantes, “issu de l’immigration”. Son grand-père algérien est venu travailler en France dans les années 60, son père y a fait ses études et s’est installé dans les années 70. Il travaille comme comptable tandis que sa maman est assistante maternelle. Mounir a 2 sœurs, également ingénieures. Lui a entamé sa formation technologique en préparant un Baccalauréat E (anciennement S, Sciences de l’Ingénieur), qu’il poursuit en intégrant le département GEII de Nantes, alors situé en Centre Ville. C’est un jeune à qui la situation offre plein de possibilités, à tel point qu’il lui est difficile de concilier la “vie étudiante” avec
le travail scolaire promis à quelques impasses. A la fin de l’année, le jury que je préside constate que le compte n’y est pas, avec des notes peu engageantes dans la thématique Génie Électrique. Sa moyenne générale lui bloque la route de l’option de 2ème année qui l’attire (réseaux locaux industriels), la plus prisée, et il n’a pas le niveau de la concurrence.
Cependant, son cas n'inspire pas d'inquiétude, on sent qu’il a de la ressource, et il le prouve en se préparant à bifurquer vers un BTS IRIS (Informatique et Réseaux pour l’Industrie et les Services). Malgré le peu de temps passé ensemble, j’en avais gardé un souvenir consistant : il avait une bonne tête, il était enjoué sans être dilettante, sérieux sans être coincé.
En BTS, il cartonne, en terminant 1er de l’académie au concours final. Pas le moment de s'arrêter en si bon chemin : plutôt que la classe préparatoire ATS
susceptible de le guider jusqu’aux grandes écoles d’ingénieurs, Mounir choisit la voie de l’alternance qui, à l’époque, se démocratise largement. Il intègre la filière Informatique Industrielle de l’ESEO, en partenariat avec l’ITII (Institut des Techniques d’Ingénieur de l’Industrie) Pays de la Loire, où nous nous retrouvons. Une telle formation permet au futur ingénieur, en plus de son parcours académique, de se spécialiser grâce à une expérience industrielle en prise directe avec les réalités technologiques, excessivement prisée sur le futur CV. Dès son projet BTS, Mounir avait commencé à travailler avec Haxe, une société régionale spécialisée dans les systèmes de contrôle de débit de boissons : ensemble ils concluent un contrat d’apprentissage dont le support va être le développement du premier doseur d’alcool sans fil, basé sur la technologie Zigbee. En 2008, non seulement Mounir va être diplômé, mais plus aucune goutte d’alcool dans vos consommations n’échappera à la surveillance des autorités !
Diplôme en poche, il s’engage dans les pérégrinations bien connues des ingénieurs débutants, à qui les sociétés de service offrent des missions variées chez les industriels en recherche de compétences toutes fraîches. Chez Thalès, il se familiarise avec le monde du chiffre civil (à l’époque, la cybersécurité était
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  GESI // 42e ANNÉE



















































































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