Page 8 - GESI n°96 // Mai 2022
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8 // LES SAÉ ET LEUR MISE EN PLACE SUR LE TERRAIN
Les SAÉ, visite non guidée...
Résumé : Depuis près d’un an, le nouveau diplôme délivré par les IUT est entré dans sa phase opérationnelle. Après une année de construction, ballotée par les poussées de fièvre de la crise sanitaire, les équipes pédagogiques entrent dans le vif du sujet et les étudiants expérimentent le BUT1. Que se passe-t-il sur le terrain ? Qu’est-ce que ça change? Comment aller plus loin, et dans quelles directions ? C’est ce que s’efforce très modestement d’explorer l’article qui suit, dont l’ambition est de renvoyer au dispositif de formation l’image de ce qu’il est en train de devenir.
Une visite ? Quelle visite ?
Lorsque la perspective de ce numéro 96 a commencé à émerger, à l’été 2021, la plupart des énergies des départements GEII étaient focalisées sur la mise en place du BUT1, avec une préoccupation particulière pour celle des SAÉ, nouveauté majeure du programme national paru en Juillet.
Bien sûr, cette pratique était préparée depuis plusieurs mois et l’essentiel de ce qui allait la constituer diffusait dans les esprits, à travers les travaux de l’ACD et lors du colloque de Créteil.
Très vite, s’est faite jour l’envie de voir comment ça se passait sur le terrain, de manière à “fixer” l’expérience de la mise en place et d’inciter au partage des pratiques.
Dans cet esprit, la rédaction du GESI a proposé de visiter quelques départements pour y rencontrer des équipes et des étudiants expérimentant les SAÉ au cours de cette première édition du BUT1. Les visites à Salon de Provence, Brest (en visio) et Lille ont été réalisées en février et mars 2022.
IUT de Lille
Entrer dans la danse
Quand on entre dans un nouveau métier, avant de s’exercer à une activité quelconque, le premier rite d’initiation est le vocabulaire : pour le “sachant”, les mots correspondent à une représentation bien délimitée et ils animent des concepts qui vont guider l’action. Extérieur à la vie quotidienne d’un département GEII, j’y suis arrivé comme le naïf de service, à la manière d’un industriel qui débarque de son entreprise, avec les vagues souvenirs qu’il a gardé d’une formation GEII. Soit il l’a lui-même suivie quelques années plus tôt soit il a fréquenté des stagiaires.
Autrement dit, le visiteur débarque avec ses propres repères ; pour la plupart, ce sont les matières, comme les maths, l’électronique, les automatismes ou la programmation, et des modalités bien identifiées : cours, TD, TP, devoirs surveillés, projets ou rapports.
Début 2022, le vocabulaire a changé, parce que le dispositif de formation a changé. Ou plutôt : pour faire bouger le dispositif, il fallait changer de vocabulaire. Et cette fois, contrairement aux évolutions précédentes qui avaient vu l’arrivée de quelques nouveautés par ci par là (des semestres, le PPP, les Unités d’enseignement), qu’on pourrait qualifier pour l’essentiel “d’aménagements”, une onde de choc ébranle la maison. Elle commence par lui faire perdre une partie de son latin, rejetant à l’arrière-plan quelques réalités qui faisaient partie des meubles telles l’approche disciplinaire, pour promouvoir d’autres termes qui introduisent des significations nouvelles.
Évidemment, le changement fait se lever quelques détracteurs qui dénoncent une novlangue dans laquelle ils perçoivent le projet caché d’un libéralisme omniprésent. Ne nous demanderait- on pas de préparer, pour l’entreprise, des petits soldats dociles et aptes à manager (i.e.calculer, adapter, faire évoluer) leur force de travail ? Il n’empêche, le mouvement est d’ampleur et il embarque les acteurs (équipes pédagogiques aussi bien qu’étudiants) contraints de se réinventer dans leurs attitudes. Au final, beaucoup y prennent goût.
GESI // 41e ANNÉE