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MÉcaornkoetminieg Les recommandations
de Julie Bertolotti
œnologue consultante et experte en marketing viticole
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Julie Bertolotti, œnologue de for- mation et amoureuse de la gastronomie. Je travaille avec des professionnels et des particuliers afin de rendre accessible le langage du vin en misant sur la sensoriali- té et les émotions.
En quoi consiste votre accompagne- ment de marketing sensoriel ?
J’ai trois volets à l’accompagnement. D’abord sur l’aspect production, j’apporte un regard extérieur en tant qu’œnologue conseil. Je réalise un audit par la dégusta- tion afin d’identifier la signature générale du domaine et les promesses de chaque cuvée. Ensuite, sur la partie langage, je tra- vaille sur la fiche cuvée, en distinguant le langage technique du langage sensoriel, orienté consommateurs. L’objectif pour le vigneron est de savoir parler de ses vins, savoir les valoriser et exprimer sa différence. Je forme ainsi les vignerons et leur apporte les outils de présentation adéquats. Enfin, j’interviens sur la partie promotion avec parfois un rôle de repré- sentante du domaine.
Quelles sont, selon vous, les diffé- rences entre fiches techniques et fiches produits ?
Il y a plusieurs différences que vous pourrez retrouver dans le tutoriel vidéo mis à disposition ici (scanner le QR code en fin d’article). L’idée principale est de passer du langage technique au langage consom- mateur. Le public cible des deux docu- ments n’est pas le même. Les connais- sances sur la production et les attentes diffèrent. La fiche technique récapitule le parcours du raisin jusqu’à la bouteille en évoquant le terroir et la vinification, mais sans parler d’expérience client.
La fiche produit, ou fiche cuvée, donne toutes les informations nécessaires au consommateur pour qu’il puisse se pro- jeter sur l’expérience de dégustation. Les éléments de langage utilisés pour décrire le vin sont issus de la dégustation et du
ressentiduconsommateur.Ons’appuie ici sur des éléments visuels, des photos, des pictogrammes pour donner envie. En l’absence du vigneron, l’objectif est d’aider le consommateur en répondant aux ques- tions habituelles qu’il se pose. Comment je déguste ce vin ? Avec quoi ? À quelle occasion ? Est-ce qu’il se garde ? Combien de temps ? Etc. C’est un outil qui se veut pédagogique avant tout.
Quelles sont les informations indispen- sables de la fiche technique ?
Le terroir, la notion de sol et la vinifica- tion sont les parties essentielles. On peut ajouter une partie sur le conditionnement ou l’analyse avec le degré d’alcool précis, le taux de sucre et l’acidité volatile. Ces informations sont le reflet fidèle de la pro- duction et une preuve de traçabilité.
Et pour la fiche produit ?
Le commentaire de dégustation, avec le vocabulaire adapté au consommateur, constitue la base. Ensuite, la partie conseil avec la température de service, la conser- vation, le potentiel de garde. Enfin, les accords mets & vins doivent rendre le vin plus accessible et remettre l’assiette au centre de l’expérience client.
Quelles sont les attentes des vignerons qui font appel à vous ?
Ils ont envie de moderniser leur ap- proche du vin face au consommateur pour développer leurs ventes. Ils sont en demande d’outils techniques de présen- tation et d’un accompagnement œnolo- gique avec un langage mieux adapté à la commercialisation. Ils sont en recherche de la bonne posture et d’une aisance leur permettant de mieux communiquer. Glo- balement, il y a ce besoin de faire un pas de côté et de solliciter un avis extérieur afin d’adapter leur discours au consom- mateur et de valoriser leur savoir-faire.
Rencontrez-vous des difficultés dans l’élaboration de ces documents ?
Je rencontre assez peu de difficultés
car les vignerons sont très disponibles et attentifs au changement. Cependant, il est parfois compliqué d’obtenir le bon packshot ou la charte graphique.
Quels sont les retours des vignerons ?
Sur les salons et face aux restaurateurs, ils sont vraiment heureux de pouvoir s’ap- puyer sur des éléments de langage avec lesquels ils sont très à l’aise. Mon rôle est de poser les mots sur ce qu’ils pensent de leurs vins. Récemment, un domaine en Champagne a pu décrocher un ren- dez-vous restaurateur, proposer des ac- cords mets & vins adaptés et échanger avec le client en parlant le même langage. Il faut vraiment que le vigneron soit à l’aise avec les mots employés et la sémantique. En commerce en ligne ou au caveau de dégustation, les retours sont très bons également.
Un dernier conseil pour les vignerons qui souhaitent se lancer ?
Beaucoup de vignerons peuvent tra- vailler en autonomie sur ce sujet en lisant avec attention cet article et grâce à mes formations en ligne. Je les invite d’ailleurs à regarder la vidéo gratuite qui accom- pagne cet article pour mieux comprendre les étapes essentielles à une meilleure présentation et valorisation de leur fiche technique.
Propos recueillis par Mickaël Rouyer
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2024 24