Page 7 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 16
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 On constate que des États comme l’Irlande mettent en place des mesures pour rendre obligatoire l’apposition de mentions sanitaires sur les étiquettes, ce qui fragilise le bon fonctionnement du marché intérieur de l’Union européenne. Que peut faire l’OIV pour faciliter une ap- proche commune et plus raisonnable des États membres de l’Organisation ?
J.B. : L’information du consommateur sur le vin et son impact sur la santé sont des sujets importants faisant partie du plan de travail de notre groupe d’experts de la Commission Sécurité et Santé. Nous travaillons avec les États membres pour l’élaboration d’une information juste et équilibrée fondée sur l’état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet. La résolution OIV-SECSAN 679-2022 ap- porte déjà des recommandations pour la diffusion de l’information en matière de consommation de vin. C’est un premier cadre de référence pour tous les acteurs qui ouvre le champ d’un travail plus ap- profondi sur les modalités d’information. L’OIV est une organisation intergouverne- mentale mondiale. Notre mission est de collecter une information scientifique et rationnelle ainsi que de diffuser auprès de nos pays membres des recommanda- tions aux gouvernements afin de les éclai- rer dans leurs décisions réglementaires.
Il est également dans notre mission de collaborer avec les autres organisations internationales pour favoriser un cadre harmonisé pour les échanges internatio- naux. Nous n’intervenons donc pas dans les règles de fonctionnement des pays, a fortiori lorsqu’ils ne sont pas membres de l’OIV, ce qui est le cas de l’Irlande !
Nous apportons aux législateurs des pays membres de l’OIV des éléments scientifiques pour les guider dans leurs décisions. À titre d’exemple, les groupes d’experts de l’OIV, quelque 500 personnes provenant des 50 pays membres, tra- vaillent à l’élaboration d’une revue de syn- thèse sur un sujet. Une fois validée par le groupe, cette synthèse est soumise à pu- blication scientifique accessible sur le site internet de l’OIV.
Le sujet peut faire l’objet de résolutions, votées en assemblée générale à l’issue d’une procédure en huit étapes, et qui se- ront des recommandations de réglemen- tation pour les pays membres. L’adoption
des résolutions et toutes les décisions scientifiques sont prises sur le principe du consensus.
Baisse d’acidité, augmentation du taux d’alcool, émergence de maladies... la viticulture subit les lourdes consé- quences du dérèglement climatique partout dans le monde. Quelles sont les pistes pour tenter d’en limiter les effets ?
J.B. : L’impact du changement clima- tique sur la viticulture mondiale est un thème proéminent dans le plan straté- gique de l’OIV. Depuis vingt ans, notre organisation a ouvert une réflexion qui a abouti à différentes résolutions touchant au développement durable.
Le vin rouge incarne une consommation traditionnelle qui, aujourd’hui, laisse place à la recherche d’autres produits et d’autres occasions de dégustation.
De la première résolution en 2002 sur la définition du développement durable (CST 1/2004) aux recommandations pour la mise en œuvre de ses principes dans le secteur du vin (OIV-VITI 641- 2020), l’OIV a établi tout un corpus pour guider la filière dans la mise en place de pratiques visant à limiter leur impact environnemental, in- cluant les méthodologies de calcul des émissions de gaz à effet de serre (OIV- CST 503AB-2015).
Les dernières résolutions en date pré- voient un protocole d’utilisation raisonnée de l’eau en viticulture (OIV-VITI 569-2018), une définition pour la biodiversité dans les vignobles (OIV-VITI 677-2022). Les principes de l’agroécologie et la question de la résilience en viticulture sont deux
sujets forts actuellement sur la table des experts avec des documents techniques en cours d’élaboration sur la mesure de l’empreinte carbone et de l’empreinte eau, l’écoconception des chais, les pratiques culturales en zones arides et les stratégies de conservation de la biodiversité dans les zones de culture de la vigne.
La recherche de variétés génétiquement résistantes aux maladies fait également partie des sujets.
Nous travaillons donc sur des pistes multiples dans le but de répondre à un phénomène global et complexe. Je suis convaincu pour ma part que seule la coo- pération entre les pays permettra de faire surgir les solutions innovantes et accep- tées par tous. C’est précisément le but du 45e Congrès scientifique de l’OIV qui se tiendra à Dijon, sous les auspices de la France, du 14 au 18 octobre 2024 sur le thème « La vigne et le vin : un patrimoine innovant face aux défis du siècle ».
Un enjeu aussi pour l’OIV qui fêtera ses 100 ans le 29 novembre !
> Propos recueillis par Alain Julien, La Champagne Viticole
Entretien
 Un événement historique
Du 14 au 18 octobre prochains, la France accueillera le 45e Congrès mondial de la vigne et du vin, qui coïn- cidera avec le 100e anniversaire de l’OIV. Sous le thème « Congrès du cen- tenaire : la vigne et le vin, un patrimoine innovant face aux défis du siècle », l’événement réunira des experts du monde entier pour discuter des ques- tions urgentes et des solutions inno- vantes dans le secteur.
Il promet d’être le plus important depuis 2008, avec un nombre impres- sionnant de 646 communications soumises par 45 pays différents. Ces contributions comprennent 492 communications orales et courtes et 154 affiches. Les inscriptions sont ouvertes sur le site : www.oiv.int/fr/
7 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2024














































































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