Page 16 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 11

Actualité
Transition agro-écologique : journée d’échanges autour des Laboratoires d’innovation territoriale
La première rencontre autour
des réalisations menées
au sein des Laboratoires d’Innovation Territoriale (LIT)
de Nouvelle-Aquitaine s’est tenue à Libourne, le 16 novembre dernier. Au programme, le partage d’expériences, mais aussi
la réflexion sur l’essaimage des actions mises en œuvre au sein de ces espaces d’expérimentation dans le vignoble.
L’objectif des Laboratoires d’Innova- tion Territoriale (LIT), qui font par- tie du programme régional VitiREV,
est d’apporter aux territoires des solutions concrètes issues des propositions et des besoins du terrain pour répondre aux en- jeux de la transition viticole. Inspirés du concept des « living lab », ces LIT sont des espaces d’expérimentation, d’innovation en condition réelle et de concertation ci- toyenne. Lydia Héraud, conseillère régio- nale déléguée à la viticulture, a rappelé que « ce programme, dont l’objectif global est de transformer les territoires viticoles pour plus d’attractivité et de compétitivité de la filière vitivinicole, est né d’une réflexion lancée dès 2017 sur la question de savoir comment sortir ensemble des pesticides. »
Focus sur les 7 LIT de Gironde
Viticulteurs, salariés d’exploitations viti- coles, chercheurs, animateurs et acteurs du changement au sein des institutions de Nouvelle-Aquitaine ont donc échangé sur les objectifs et les actions des 15 LIT ré- gionaux, dont 7 LIT girondins.
À Margaux, le LIT porté par l’ODG avec l’appui de Vitinnov accompagne les vi- gnerons de l’appellation pour développer la biodiversité dans leurs exploitations. La gestion de la fauche tardive de la flore spontanée en abords de parcelle, des fos-
sés ou au pied des haies est l’une des ac- tions mises en œuvre dans ce but.
Dans le Libournais et l’Entre-deux-Mers, le LIT Bacchus, porté par l’INRAe, s’est entre autres donné pour objectif de dé- montrer scientifiquement que la biodiver- sité est un réel atout pour construire des paysages viticoles résilients, durables et économiquement viables. Ce LIT envisage d’élargir ses partenariats pour traiter des questions relatives à la santé humaine et à la qualité de l’eau.
Initié par la Communauté de com- munes de l’Estuaire, le LIT Cepa(H)ges se consacre à réduire l’exposition des popu- lations aux pesticides, diminuer leur utili- sation en viticulture et faire en sorte que la viticulture soit totalement intégrée dans les documents d’urbanisme du territoire. Améliorer la communication sur la réalité du métier de la viticulture auprès des rive- rains et des élus est une action retenue, avec la création d’un podcast par exemple.
Porté par le GDON des Bordeaux, le LIT « Re-Grappons-Nous » a comme am- bition d’impliquer tous les acteurs pour construire et expérimenter des actions de lutte contre la flavescence dorée.
Autour de Castillon-la-Bataille, le LIT por- té par la FRAB et Interbio vise à mettre en lumière les bénéfices socio-économiques de l’agriculture et plus spécialement de la viticulture bio à l’échelle du territoire.
À Saint-Christophe-des-Bardes, le LIT « Village vigneron en transition » s’est en- gagé dans 4 projets, dont un concerne la végétalisation concertée et durable de la commune, avec notamment la plantation de haies sur des parcelles appartenant à des vignerons, ou encore la création de jardins partagés aux abords de l’école et d’une résidence.
Porté par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux et le Sysdau (Syndicat Mixte du SCoT de l’Aire Métropolitaine borde- laise ), le LIT « Lisières urbaines » a pour objectif de faciliter la prise en compte par les élus des interfaces entre les vignes et les zones urbaines. Pour y parvenir, une méthode de travail a été élaborée sur 2 territoires « pilotes » (Léognan-Martillac
et Ludon-Macau) en collaboration avec leurs acteurs. La méthode a été construite à partir de synthèses cartographiques et des résultats d’une enquête exhaustive sur les pratiques viticoles des viticulteurs de la zone concernée. Elle est désor- mais éprouvée et peut être déployée sur d’autres territoires.
Rassembler les acteurs du territoire, viti- culteurs, riverains et élus des collectivités pour améliorer le «vivre ensemble» est un axe majeur de travail au sein des LIT. Témoignant de l’intérêt de cette méthodo- logie pour faire émerger des outils spéci- fiques au besoin de chaque territoire, les acteurs des LIT ont toutefois souligné que la mise en œuvre se heurte parfois à des freins pratiques, comme identifier le bon média pour mobiliser les gens ou encore trouver un horaire de rencontre qui puisse convenir à tous les publics. Sur ce point, Anne-Lise Gougeon, viticultrice, relève qu’il est « effectivement souvent plus facile des gens en les invitant en marge de manifesta- tions festives » ;
Natacha Élia, chef du département In- novations collaboratives à la Chambre d’agriculture de la Gironde et animatrice de l’archipel des LIT régionaux, a rappe- lé la suite des projets : « Nous sommes à mi-parcours de cette vaste expérimenta- tion. Il nous reste maintenant 4 ans pour choisir ce que l’on met en œuvre et com- mencer à essaimer ».
> Marie-Noëlle Charles
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - JANVIER 2024 16