Page 9 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 07

En 2050, le vignoble du Bergerac Duras est totalement intégré dans son territoire. Le paysage du vignoble a été reconçu pour favoriser les régulations biologiques. Les ressources naturelles – eau, sol, air - sont préservées en qualité et quantité, des mosaïques de cultures sont associées à des habitats semi-naturels. Elles favorisent les auxiliaires et créent des étages de végétation avec une diversité de milieux limitant et régulant la propagation des ravageurs.
Les paysages sont conçus à partir de diagnostics paysagers réalisés sur chaque exploitation, et ensuite travaillés à l’échelle du territoire. De nouvelles structures de gouvernance sont apparues. Un contrat social de territoire lie les viticulteurs et les habitants pour préserver la biodiversité locale et les ressources naturelles. Ils sont rémunérés pour les services écosystémiques rendus. Tout un dispositif de surveillance du paysage qui intègre une multiplicité de données (climatique, morphologie spatiale des paysages, capteurs en réseau) permettant d’estimer l’état des régulations biologiques au sein du paysage est en place, coordonné par les organisations professionnelles. Ainsi, les viticulteurs disposent d’outils
d’aide à la décision basés sur ces données d’observation et leur historique, anticipant par des données et des modèles numériques les dynamiques des bioagresseurs et proposant les mesures de prévention adaptées.
C’est ainsi que la filière viti-vinicole du Bergerac Duras a réussi sa transition agroécologique en mobilisant avec elle tous les acteurs du territoire. C’est une filière préservant la santé de l’Homme et de l’environnement, dans laquelle les processus écologiques à l’échelle du paysage sont favorisés. C’est également une filière qui a su s’approprier les grands enjeux des 30 dernières années.
Les cépages utilisés sont diversifiés : ils intègrent des variétés autochtones, mieux adaptées au changement climatique, garantissant la typicité des vins des appellations, ainsi que des variétés résistantes aux principales maladies y compris aux nouveaux cortèges de bioagresseurs apparus du fait du changement climatique. Le renforcement de la résilience des cultures comprend également une réduction des interventions humaines, ce qui réduit les coûts de production.
Les équipements utilisés par les viticulteurs sont adaptés à la diversité des paysages des besoins et spécificités. Ils sont partagés entre voisins. Le lien avec la recherche est très marqué et nécessaire pour analyser et valoriser les pratiques sur le terrain, ainsi que pour co-développer, des solutions adaptées aux contraintes et situations locales. Des expérimentations ont été mises en place et répondent aux enjeux de sobriété technologique et énergétique et de responsabilité sociale, en intégrant les enjeux de re-conception des paysages.
Sur le territoire, la diversité des exploitations agricoles est maintenue. On trouve, aux côtés des coopératives, des viticulteurs indépendants ayant un rôle d’ambassadeurs vis-à-vis de la filière et aussi des viticulteurs néo-ruraux qui mènent des expérimentations sur des exploitations de plus petite taille.
L’ensemble de ces pratiques agro- écologiques est valorisé auprès des consommateurs via le label « réserve de biosphère » et vendu à un prix équitable. L’œnotourisme y est très populaire. Cette démarche de préservation du terroir et de son environnement ouvre aux vins de Bergerac Duras de nouveaux circuits de distribution.»
Actualité
Un saut en 2050
La richesse de cette étude est basée sur une analyse rétro projective. Nous avons imaginé en premier lieu un futur possible et ensuite avons défini les actions et la trajectoire pour y parvenir. Cette trajectoire passe par la concertation territoriale pour mener un diagnostic paysager et la validation du projet de transition agro-écologique avec obtention du label de « Réserve de Biosphère ».
Cette concertation permet de définir au mieux les besoins agricoles et de développer une rémunération pour service rendu à l’environnement.
Pour plus d’informations : Mora O (coord.), Berne JA, Drouet JL, Le Mouël C, Meunier C, 2023. Agriculture européenne sans pesticides chimiques en 2050. Rapport de la prospective – INRAE (France), disponible ici : https://www.inrae.fr/actualites/agriculture-europeenne- pesticides-2050
> Cécile Lelabousse
9 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - SEPTEMBRE 2023