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 Consommation de vin en France : des projections à la baisse
La lettre économique du CNIV, parue cet été, s’attarde sur une récente étude prospective.
Elle envisage très sérieusement une décroissance de la consommation de vin de l’ordre de 25 % dans les douze ans à venir. À l’échelle nationale, cela se traduirait par une baisse des volumes commercialisés évalués entre 4,5 et 6,4 Mhl. Le volume de vin consommé en France
serait alors de 18 à 20 Mhl. Voici le cœur de l’analyse.
Ce n’est un secret pour personne, la consommation de vin en France subit une baisse relativement régulière,
avec une tendance qui semble s’accé- lérer : sur les douze dernières années, entre 2010 et 2022, le marché français a perdu 4,7 Mhl (- 1,5 %/an), pour se situer à environ 24 Mhl.
Afin d’éclairer les décisions à venir, les interprofessions, réunies au sein du CNIV, ont souhaité réaliser une projection à douze ans, en prenant en compte les évolutions démographiques et les chan- gements dans les habitudes de consom- mation du vin.
A - Les générations âgées quittent le marché
En effet, il ne suffit pas d’extrapoler la tendance passée jusqu’en 2034. Ce calcul amène à une diminution possible du marché de 4,7 Mhl. Pour une estimation plus proche de la réalité, il est nécessaire d’évaluer l’impact de l’évolution démogra- phique. Celle-ci influe sur la consomma- tion de vin de deux manières :
1 - La population française augmente, ce qui amène un nombre croissant de consommateurs potentiels.
2 - Les générations âgées qui consom- maient régulièrement du vin quittent le
La consommation de vin des jeunes se présente comme occasionnelle voire exceptionnelle.
CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - SEPTEMBRE 2023 10
Économie
marché. Les générations plus jeunes qui entrent dans le marché ne consomment du vin qu’occasionnellement, voire excep- tionnellement.
B - Les entrants achètent moins de vin
Le panel Kantar, qui enregistre les achats des ménages pour une consom- mation à domicile, est le témoin de ces tendances.
Selon lui, même si 95 % des Français achètent toujours des boissons alcoo- lisées au moins une fois par an, les plus jeunes sont un peu moins nombreux à le faire. Mais surtout, ils n’achètent que 303 unités d’alcool par an, contre 608 unités en moyenne nationale, et 769 unités chez les plus âgés.
En se focalisant sur les seuls vins tran- quilles, le panel constate qu’un tiers des 18-35 ans n’en achète pas. Et ceux qui le font achètent 13 cols/an en moyenne, là où les séniors achètent 61 cols/an. Ainsi, au fur et à mesure des générations, les entrants sont moins nombreux à acheter du vin, ils achètent moins, et même en augmentant leur consommation au cours du cycle de leur vie, ils n’atteignent pas les quantités bues par les générations précé- dentes.
Au total, ce renouvellement démogra- phique sera responsable d’une perte de marché estimée à 3,5 Mhl en 2034, dont 2 Mhl de vin rouge.
C - Un mode de vie avec moins d’alcool
À cette mécanique démographique, s’ajoute une évolution comportementale qui n’est pas favorable au vin : globale- ment, tout comme la consommation de viande tend à se réduire, la consommation d’alcool des Français a tendance à dimi- nuer au fil des ans, quel que soit l’âge des consommateurs. C’est une question de mode de vie. Ainsi, entre 2019 et 2022, le panel Kantar a enregistré une diminution des achats de vin tranquilles de - 4,8 %. Cette déconsommation touche tous les âges de la population, mais plus encore les moins de 35 ans.
Cette évolution des comportements va-t-elle se poursuivre ? S’accentuer ? Se réduire ? Selon les hypothèses hautes ou basses prises en compte, le changment des comportements pourrait conduire à une perte de 2,9 à 1 Mhl.
Au final, l’ajout des deux facteurs impac- terait le marché du vin de 6,4 à 4,5 Mhl d’ici douze ans.
  Crédit Photo : Guillaume Bonnaud / CIVB
 









































































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