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pellent aujourd’hui les professionnels pour savoir ce que peut valoir pour eux un tel outil avec sa marge d’erreur. Par ailleurs, sur le plan de la recherche, ils précisent qu’il serait intéressant de prolonger ce premier travail pour tenter de relever un autre défi tout aussi complexe, à savoir la prévision de la récolte le plus en amont possible dans une saison.
Prévision à l’échelle parcellaire : deux méthodes étudiées
Pour ce qui est des travaux sur la pré- vision de rendement à l’échelle de la par- celle, ils ont été présentés par Christian Germain, professeur d’informatique à Bordeaux Sciences Agro et chercheur au laboratoire IMS. Quand on veut établir une prévision de récolte, on peut travailler à partir d’un échantillonnage aléatoire en comptant des baies et des grappes que l’on pèse par la suite. On peut aussi réa- liser cette même étape de pesée mais en ayant, au préalable, ciblé les points de ré- colte des grappes à la vigne grâce à leur repérage à partir d’une cartographie indi- quant les zones de plus ou moins forte vigueur. Enfin, on peut aussi tenter de développer une troisième méthode sans prélever de grappes mais en passant par l’analyse d’images obtenues en photogra- phiant le plan de palissage d’une vigne avec une caméra. « Les recherches menées dans le cadre de ce projet, précise Christian Germain, se sont finalement focalisées sur la 2e et la 3e méthode car des travaux scienti- fiques ont confirmé que la 1re méthode, celle par échantillonnage aléatoire, fait toujours moins bien que la 2e méthode par échantil- lonnage ciblé. »
Pour cette 2e méthode, un modèle qui permet d’obtenir le nombre de baies par rapport à la taille de la grappe a été réalisé par la société Fruition Sciences, partenaire de recherche du projet. Les travaux se poursuivent pour affiner les prévisions de rendement par zone de vigueur en com- binant les 3 composantes de rendement : nombre de grappes par cep estimé par le comptage manuel des grappes ; nombre de baies par grappe qui résulte du modèle et poids d’une baie estimé quelques jours avant vendange dans chaque zone de vigueur. Là encore, c’est aux profession- nels qu’il revient de dire si cette méthode
qui donne des résultats «satisfaisants» sur 2/3 des parcelles avec environ 20 % d’erreur, quel que soit le millésime, leur convient et pour quelle utilisation. Pour les recherches sur la 3e méthode, plus de 300 000 grappes ont été photographiées entre la fermeture des grappes et la vérai- son. Ici, le comptage porte sur les baies visibles qui sont ensuite cartographiées et que l’on considère donc comme un élé- ment du rendement. Pour les domaines bordelais étudiés, les cartes obtenues avec cette méthode sont assez bien cor- rélées avec celles de la vigueur. « On peut donc dire, précise Christian Germain, que cette méthode s’avère capable de créer des cartes pour donner une approche qualitative des rendements. Autrement dit, on sait où il y a de forts et de faibles ren- dements. En revanche, il reste encore un travail à faire pour incorporer ces données dans les modèles classiques d’estima- tion et donner une précision encore plus grande au kilo près par hectare. »
Un OAD pour optimiser l’exportation du vin
Pour ce qui est de l’outil numérique d’aide à l’exportation, fondé sur l’analyse des marchés internationaux, il a pour but de permettre aux utilisateurs de sélection- ner les marchés d’exportation en fonction de leurs propres produits et de trouver des informations utiles pour l’activité d’expor- tation de chaque pays cible. Cet outil a été élaboré par les chercheurs espagnols notamment ceux de l’équipe de Vincente Pinilla Navarro, Laboratoire UNIZAR-Uni- versité de Saragosse. Il s’agit encore d’un prototype mais qui sera bientôt disponible en Espagne et très certainement au Portu-
Sur la plate-forme de prédiction pour la production de vin, le logiciel de productivité à la parcelle permet par exemple de comparer deux années.
gal. Pour la France, la question de sa mise à disposition gratuite comme l’a demandé le financeur européen, est en discussion. « On propose ici une preuve de concept fi- nancé par de l’argent public et on envoie un signal à la filière, ajoute Jean Marie Cardebat. On espère que les professionnels seront convaincus de l’intérêt de l’outil et qu’ils s’en saisiront pour le faire vivre dans les années à venir. »
Toutes les données produites sont sourcées
Concrètement, l’outil contient des don- nées très complètes pour environ 50 pays, ce qui représente près de 90 % du com- merce mondial du vin. Au total, plus de 120 pays y sont toutefois présentés. Ces informations, qui sont toutes sourcées et disponibles pays par pays en quelques « clics », sont issues d’un travail de recueil de nombreuses données et de la compila- tion des résultats de près de 200 publica- tions scientifiques. Les données utilisées sont des données simples « open source » comme celles provenant de la FAO, mais aussi des données payantes comme celles fournies par Wine Intelligence, ou encore des indicateurs issus de synthèses ou d’analyses économétriques.
> Marie-Noëlle Charles En savoir plus : http://vincisudoe.eu/
* Le projet VinCI (Vin, Innovation et Compétitivité Internationale), mené durant 3 ans et demi, concerne la filière vitivinicole du sud de l’Europe (Espagne, Portugal, Sud-Ouest de la France ). Il a été financé par des fonds publics essentiellement européens et à ce titre, propose des outils en accès libre.
Technique
35 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - JUILLET-AOÛT 2023