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Les conditions de réussite de la pro- tection du vignoble vis-à-vis des mala- dies sont d’autant plus favorables que sa mise en œuvre est accompagnée d’une qualité de pulvérisation optimi- sée et de la mise en œuvre de mesures prophylactiques qui viennent limiter le développement des maladies.
Ces mesures participent à limiter les tailles des populations (diminuer l’inten- sité des épidémies) de champignons pathogènes et, de ce fait, contribuent à moduler le risque de résistance(s) et à raisonner le nombre de traitements utiles.
Pour l’ensemble des maladies, les mesures prophylactiques passent par :
• la limitation de la vigueur de la vigne par le raisonnement, dès l’implantation, du choix d’un porte-greffe adapté, et éventuellement du cépage et du clone. Sur une vigne en production, la vigueur peut se maîtriser par la diminution des
apports (notamment azotés) et par l’en- herbement permanent (spontané ou maîtrisé). En fonction des possibilités techniques et de la diminution de vi- gueur recherchée, la largeur de la bande enherbée pourra être modulée.
• des rognages raisonnés et autres travaux en vert pour éliminer la jeune végétation très sensible, favoriser une bonne au sein de la haie foliaire et per- mettre une meilleure pénétration de la bouillie lors de la pulvérisation.
En ce qui concerne plus spécifique- ment le mildiou, il convient en outre :
• d’éviter la formation de mouillères qui favorisent les excès d’eau ;
• d’éliminer tous les rejets (pampres à la base des souches, plantules issues de la germination de pépins...) qui favo- risent l’installation des foyers primaires de mildiou et participent au démarrage précoce de l’épidémie.
En ce qui concerne plus spécifique- ment la pourriture grise, la prophylaxie doit s’appliquer quel que soit le risque parcellaire. En effet, en cas de risque faible, elle rend souvent inutile l’applica- tion de traitements. Il convient de :
• bien aérer les grappes par une taille et un mode de palissage qui assurent leur répartition homogène. L’ébourgeon- nage, le rognage, l’effeuillage précoce de la zone fructifère et, éventuellement, l’éclaircissage permettent d’éviter l’en- tassement de la végétation.
• limiter les blessures des baies par une maîtrise correcte des vers de la grappe et de l’oïdium lors de fortes pres- sions afin de diminuer les portes d’en- trée du champignon dans les baies.
• limiter les blessures engendrées lors des opérations d’effeuillage ou de rognage en effectuant les réglages adé- quats du matériel utilisé.
lection diversifiées dans le temps, pour di- minuer la fréquence des individus résistants dans les populations à chaque mode d’ac- tion au fil des générations.
Mosaïque spatiale : cette stratégie corres- pond à l’utilisation de plusieurs modes d’ac- tion au même moment, mais dans des par- celles différentes, pour limiter les « effets de masse » et créer une hétérogénéité spatiale de la sélection. L’efficacité de la mosaïque varie selon les distances de migration des bioagresseurs.
L'efficacité de l’alternance et de la mo- saïque, destinées à éteindre des foyers de résistance en émergence, varie donc en fonction des modes d’action et de la biologie des agents pathogènes. Il est ainsi difficile, en l’état actuel des connaissances, de faire des recommandations précises (en particu- lier concernant un nombre de breakers) per- mettant de couvrir toutes les situations.
Enfin, ces stratégies anti-résistance ne peuvent avoir un intérêt pour limiter l’évo- lution des résistances que lorsque ces dernières ne sont pas généralisées dans les populations, c’est-à-dire lorsqu’il existe encore une marge de progression des ré- sistances (phase d’émergence ou de sé- lection). Il s’agit alors de ralentir, stabiliser, voire de faire régresser la résistance dans les populations.
Les stratégies de gestion de la résistance
La prévention et la gestion des résistances reposent sur la diversification de l’usage des modes d’action et l’implémentation précoce des stratégies anti-résistance.
On parle de « gestion de la résistance » dans les situations où les recommandations visent à prévenir et ralentir la sélection des individus résistants.
Dans les situations où la fréquence des individus résistants est importante et stabi- lisée dans les populations, et où la gestion de la résistance n’est plus possible, les appli- cations de fongicides visent essentiellement à compenser la perte d’efficacité totale ou partielle causée par la résistance pour main- tenir un contrôle acceptable de la maladie en situation de résistance. On parle alors de « gestion de l’efficacité ».
Dans la colonne « Recommandations » des tableaux qui suivent, la finalité a été préci- sée en utilisant les mentions « gestion de la résistance » ou « gestion de l’efficacité » pour chaque mode d’action et pathogène.
Les stratégies anti-résistance incluent : la limitation des traitements, l’association de modes d’actions différents (ou mélange), l’alternance des modes d’action, la mosaïque territoriale et la modulation de la dose (peu utilisée en viticulture pour gérer la résis- tance). Elles visent à maximiser l’hétérogé- néité de la sélection par les fongicides et à
réduire ainsi la vitesse d’adaptation des po- pulations d’organismes phytopathogènes.
Limitation des traitements : l’efficacité de cette stratégie repose sur une réduction quantitative de la pression de sélection. De manière plus générale, toute mesure (par exemple la prophylaxie) se substituant à un traitement fongicide et contribuant à dimi- nuer les épidémies fongiques, participe à li- miter le risque de résistance et doit donc être utilisée prioritairement.
Association des modes d’action : cette stratégie consiste à associer deux subs- tances de modes d’action différents (ne pré- sentant pas de résistance croisée positive) se protégeant mutuellement du risque de résistance. Cette stratégie peut être mise en défaut si l’un des partenaires présente déjà une résistance fortement évoluée ou n’est pas suffisamment efficace. Les associations d’un mode d’action concerné par une résis- tance fortement évoluée et d’un multisite (non concerné par la résistance) visent prin- cipalement à gérer l’efficacité de la spécialité.
Alternance des modes d’action au sein d’un programme et/ou au fil des saisons : cette stratégie consiste à introduire, entre 2 applications d’un même mode d’action, une ou plusieurs applications avec des modes d’actions différents, dénommées breakers. Elle permet d’exercer des pressions de sé-
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Technique
Prophylaxie et qualité de pulvérisation sont une nécessité