Page 22 - CHEVAL PARTENAIRE - Magazine n°13
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 SANTÉ
LA RHINOPNEUMONIE
     Les crises sanitaires se succèdent dans la filière équine : rhinopneumonie en 2018, grippe en 2019 ! La rhinopneu- monie est source de pertes écono-
miques majeures, notamment dans les élevages et les centres d’entraînement et de concours, comme en témoigne la dernière épizootie de 2018 : elle a été une crise à la fois sanitaire et média- tique. La faible couverture vaccinale et les mesures sanitaires insuffisantes ont été les causes de cette dernière crise. Le recours systématique à la vaccination fait aujourd’hui l’unanimité de la com- munauté scientifique pour prévenir les épizooties.
La rhinopneumonie équine est une maladie contagieuse virale des équi- dés dont les agents responsables sont les herpès virus équins 1 et 4. Ces virus appartiennent à la famille des Herpesviridae. On connait, par exemple chez l’homme l’herpès simplex virus 1, responsable de l’herpès buccal ou le varicella zoster virus qui provoque la varicelle de la petite enfance et le zona à l’âge adulte.
Quelle que soit l’infection par un herpès virus équin, elle est caractérisée par une maladie de l’appareil respiratoire dont la gravité varie selon l’âge et l’état immu- nitaire du cheval. L’infection par l’HVE1, en particulier, peut progresser et pro- voquer des maladies plus sévères qui peuvent se manifester par des avorte- ments, des mortinatalités des poulains ou des troubles neurologiques.
Dans la grande majorité des cas, la pri- mo-infection a lieu dans les premières semaines ou les premiers mois de vie de l’animal, au contact de la mère porteuse
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latente. La phase de latence est un élé- ment clé dans la pathogénie des her- pèsvirus. La plupart des animaux infec- tés portent le virus de manière latente, sans présenter de signes cliniques, pen- dant des périodes très longues, voire même à vie. La réactivation peut avoir lieu dans différents contextes : suite à un stress comme le transport, un chan- gement d’environnement, le sevrage ou la castration.
Connaître et reconnaître les symptômes :
Cette maladie est causée par les herpes virus équins 1 et 4 ; l’HVE1 se manifeste par l’une des trois formes suivantes. L’HVE4, quant à lui, ne se manifeste que par la forme respiratoire.
• La forme respiratoire
Les herpes virus équins 1 et 4 pro- voquent une rhinopharyngite aiguë ayant tendance à évoluer rapidement en trachéobronchite. La maladie dure 1 à 2 semaines et est susceptible d’être compliquée par des surinfections bac- tériennes.
• La forme abortive
Cette forme est générée exclusivement par l’HVE1 et dans des cas exceptionnels par l’HVE4. Les avortements en fin de gestation sont très fréquents en cas de contamination par l’HVE1.
• La forme neurologique
Provoquée par l’HVE1, les signes mani- festés sont l’ataxie temporaire, la paré- sie, l’incontinence urinaire ou encore la paralysie complète pouvant conduire à la mort de l’animal.
Le diagnostic de la maladie est réalisé par PCR (Polymerase Chain Reaction), méthode de biologie moléculaire d’am- plification génétique in vitro, sur diffé- rents prélèvements. Dans la majorité des cas, sur écouvillons naso-pharyn- gés et par prise de sang pour les formes respiratoires, sur les organes fœtaux et le placenta lors d’avortements, et sur écouvillons naso-pharyngés, ou par prise de sang, ponction du Liquide Cé- phalorachidien et sur le cerveau pour les formes nerveuses.
Surveiller et prévenir la rhinopneumonie
Face à cette maladie, les vétérinaires ne peuvent recommander qu’un traite- ment symptomatique qui se traduit par la mise au repos du cheval et la gestion
de la fièvre. Pour la forme nerveuse, des complications peuvent survenir néces- sitant le maintien du cheval debout pendant la période de traitement. A ce jour, aucun traitement spécifique pour combattre la rhinopneumonie n’existe. Pour éviter la contamination du che- val par les herpes virus équins 1 et 4, la meilleure prévention reste donc la vaccination associée aux mesures sani- taires telle que la biosécurité (zonage des animaux, fermeture des structures infectées, confinage, mesures d’hygiène générale...).
Dans la filière sport et loisir, c’est au propriétaire de faire le choix de vacci- ner ou non son animal. Seule la filière course vient d’imposer cette vaccina- tion. En matière de reproduction, la vac- cination est obligatoire dans certaines races.
La rhinopneumonie a une importance considérable pour l’élevage et les activi- tés sportives d’un point de vue clinique et également économique : lors de l’épi- zootie de 2018, 335 rassemblements et 50 000 engagements ont été annulés. L’analyse de cette crise sanitaire fait res- sortir des facteurs favorisants, tels les rassemblements très nombreux dans la zone de départ, les facteurs météo- rologiques et surtout des précautions sanitaires insuffisantes dans les ras- semblements par les organisateurs ou les cavaliers et une population équine très insuffisamment vaccinée (28, 5% en 2017). De bonnes pratiques sanitaires permettent de prévenir les maladies contagieuses que ce soit au sein d’une structure ou lors des rassemblements. Elles sont à appliquer au quotidien, et pas uniquement en période de crise. La vaccination régulière des effectifs permet de limiter la durée et la gravité des signes cliniques et la diffusion des épizooties.
Avec la collaboration du
Dr Sophie Paul-Jeanjean
Docteur vétérinaire
Responsable technique gamme équine Boehringer Ingelheim
  #13 OCT.2019-MARS2020
    DOSSIER






































































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